Pourquoi on fonce voir "Woman at War", le film écolo-féministe de l'été

Publié le Mercredi 04 Juillet 2018
Marguerite Nebelsztein
Par Marguerite Nebelsztein Journaliste
Woman at war
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"Woman at War" a enchanté la Semaine de la Critique au festival de Cannes 2018. Et nous aussi. Le long-métrage islandais signé Benedikt Erlingsson sort ce mercredi 4 juillet et on vous dit pourquoi il faut aller voir ce film de super-héroïne.
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Halla est en guerre. Dès les premières images de Woman at War, on voit cette femme en mode combattante saboter une ligne à haute tension avec son arc et une flèche. Pour échapper à la police, elle court à travers le paysage islandais, entre les montagnes, comme une guerrière en mission commando. Halla vient de saboter une ligne qui alimente une usine d'aluminium parce qu'elle s'oppose à son agrandissement. Elle est une super-héroïne écologique.

Une fois sortie de ce périple, "La femme de la montagne" renfile son costume de ville, celui d'une professeure de chorale de 49 ans. Alors qu'elle s'apprête à lancer son manifeste écologique à toute l'Islande, elle reçoit la nouvelle qu'elle attendait depuis plusieurs années : son dossier d'adoption a été validé. Une petite fille de quatre ans l'attend en Ukraine. Halla avait déposé sans trop y croire son dossier, elle a maintenant une semaine pour se décider. Son combat se radicalise et s'accélère. On en cause dans les chaumières, est-ce du terrorisme anti-Islande, anti-emplois comme le distille le gouvernement ou est-ce un combat honorable pour l'écologie ?

Woman at War nous emmène dans les paysages magnifiques de l'Islande, dans ses Hautes Terres, cette région du centre du pays peuplée de montagnes et de plateaux. Halla, qui parcourt de longues distances dans son costume de justicière de l'environnement, sac de randonnée sur le dos et bottes aux pieds, aime se plonger dans la mousse au sol, la humer et s'y reposer. Le réalisateur Benedikt Erlingsson a voulu faire de Halla une Artemis moderne avec son arc et ses flèches.

Tout le long du film, Halla est soutenue par un orchestre de trois musiciens qui, comme l'explique le réalisateur Benedikt Erlingsson, jouent le rôle de petits esprits qui lui donnent le courage d'avancer à chaque étape. L'orchestre est même parfois accompagné d'une chorale traditionnelle ukrainienne. "C'est un film à propos d'une femmes qui s'efforce de devenir une vraie personne".

Le réalisateur s'est entre autres inspiré de deux héroïnes modernes : Berta Cáceres du Honduras et Yolanda Maturana de Colombie. Toutes les deux sont des militantes écologistes. La première a été assassinée en 2016 après des années de menaces pour s'être opposée à la construction d'un barrage. La deuxième dénonçait les exploitations minière illégale dans sa région de Colombie. Elle a été assassinée début 2018.

Le prénom de l'héroïne, Halla (incarnée par l'impressionnante Halldora Geirhardsdottir), n'a d'ailleurs été choisi au hasard. Les Islandais connaissent par coeur la légende d'Halla et Eyvindur, des hors-la-loi qui ont survécu vingt ans dans les Haute Terres d'Islande.

Hella et son orchestre dans Woman at War
Hella et son orchestre dans Woman at War

Sélectionné pour la Semaine de la Critique au Festival de Cannes 2018, Woman at War a gagné le prix SACD. Film d'action, thriller écologique, comédie, ce film féministe ne rentre dans aucune case. Et cela le rend encore plus passionnant. Un film de super-héroïne comme on les aime, exempt d'explosions mais vivant, poétique et inspirant.