Des demandeuses d’asile dans des refuges pour femmes violentées
Parce qu'elle demande l'asile au Canada, Régine ne veut pas être identifiée.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2018 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Faute d'avoir trouvé un logement, certaines femmes demandeuses d'asile se retrouvent dans des refuges pour femmes violentées.
Un texte de Catherine Kovacs
C’est le cas de Régine, qui a traversé le chemin Roxham l'an dernier avec ses 2 enfants de 3 mois et 2 ans. D’abord logée au YMCA du centre-ville de Montréal, elle a dû quitter les lieux dès qu'elle a reçu son premier chèque d'aide sociale, comme le veut le règlement.
Comme elle n'avait pas trouvé d'appartement, elle s'est retrouvée au refuge La Dauphinelle, où elle est restée six mois.
Il y a 11 chambres dans ce refuge pour femmes violentées et en grande difficulté. « Je pourrais toutes les remplir avec des femmes demandeuses d'asile, précise la directrice, Sabrina Lemeltier, mais ce n'est pas mon mandat. »
Francine Dupuis, directrice de PRAIDA, et Sabrina Lemeltier, directrice de La Dauphinelle
Photo : Radio-Canada
L'an dernier, 30 % de la clientèle de La Dauphinelle était composée de femmes demandeuses d'asile, seules ou avec des enfants, et 18 % avaient été envoyées par l'organisme PRAIDA (Programme régional d’accueil et d’intégration des demandeurs d’asile), qui relève du ministère de la Santé et des Services sociaux.
Le mandat de PRAIDA est de s'occuper du logement à court terme pour les demandeurs d'asile, mais lorsque les femmes se retrouvent en difficulté, l'organisme les accompagne et les envoie à des refuges connus. « Le logement à long terme, c'est la responsabilité du ministère de l'Immigration », précise Francine Dupuis, directrice de PRAIDA, ajoutant qu’on ne peut forcer des propriétaires à prendre des locataires vulnérables. « C'est un marché privé, il n'y a pas d'obligation légale pour un propriétaire de prendre un locataire qui ne lui convient pas », explique-t-elle.
Le refuge la Dauphinelle n'est pas un cas unique. D'autres refuges pour femmes violentées admettent avoir hébergé des femmes demandeuses d'asile.
Une des chambres de la maison d'hébergement La Dauphinelle
Photo : Radio-Canada
La directrice de La Dauphinelle croit qu'il faut accompagner ces femmes jusqu'à ce qu'elles trouvent un appartement. Selon elle, il existe un problème de coordination lorsque les demandeuses d'asile quittent le YMCA.« Ce n'est pas suffisant de leur donner un chèque et de leur dire ''débrouillez-vous'' », tranche-t-elle.
Régine s'est quant à elle finalement trouvé un logement, non sans difficulté. Elle se cherche maintenant du travail.