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Les anti-IVG ciblent les jeunes femmes grâce aux publicités sur Facebook

Une page faux nez des anti-IVG paie des publicités insistant sur le « syndrome dépressif post-avortement ». Avec une cible de prédilection : les femmes de moins de 30 ans.

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Publié le 11 juillet 2018 à 14h31, modifié le 11 juillet 2018 à 15h11

Temps de Lecture 2 min.

« Je suis détruite à l’intérieur », « Je n’ai plus aucune pensée positive », « Même si les années passent (10 ans !)… je ne pense qu’à ça ! » : parmi les contenus sponsorisés par la page Facebook intitulée « IVG : vous hésitez ? Venez en parler ! », les témoignages se suivent et se ressemblent, dressant le portrait de femmes dépressives depuis leur avortement.

Et pour cause : cette page est une extension, sur les réseaux sociaux, du site IVG.net, fondé par un couple de militants catholiques anti-avortement férus de numérique.

En décembre 2016, Le Monde racontait déjà la manière dont Marie Philippe et René Sentis étaient parvenus à hisser IVG.net dans les premiers résultats de recherche Google pour les mots-clés « IVG » ou « avortement », devant le portail officiel IVG.gouv.fr, avec force publicités et travail sur le référencement de leur site.

Cibler les jeunes femmes

Depuis, Google a supprimé la possibilité de faire de la publicité sur cette thématique en France. Marie Philippe s’est donc concentrée sur un nouveau moyen de diffusion : cette page Facebook « IVG : vous hésitez ? Venez en parler ! ».

La raison est simple : sur Facebook, il est possible de sponsoriser des contenus, de même que de les cibler en direction d’une audience bien précise, à partir de critères démographiques par exemple. En l’occurrence, ici, les jeunes femmes.

Sur les douze témoignages sponsorisés le 4 juillet, neuf sont présentés comme provenant de femmes ayant moins de 25 ans lorsqu’elles ont appris leur grossesse. Dont une mineure.

En réalité, ces photographies sont la plupart du temps issues de banques d’images

Ces témoignages sont presque toujours accompagnés de photographies, qui, au premier abord, laissent croire qu’elles représentent les femmes citées. En réalité, ces photographies sont la plupart du temps issues de banques d’images. C’est ainsi qu’après une recherche dans ces banques, nous avons retrouvé les photographies en question. Elles étaient associées aux mots-clés suivants « adolescente en dépression », « adolescente en pleurs » ou encore « maux de tête ».

L’un des témoignages sponsorisés de la page « IVG : vous hésitez ? Venez en parler ! »
L’illustration du témoignage de « Clara » est une photographie d’Andrzej Wilusz, en vente sur Fotolia.com.

Dès lors, quel crédit accorder aux témoignages mis en avant – qui racontent des parcours similaires, de l’avortement contraint par un tiers (conjoint, famille, personnel soignant) à la dépression – et à leur véracité ?

Interrogée, Marie Philippe, modératrice de la page Facebook et fondatrice du site IVG.net, explique :

« Nous utilisons soit les photos envoyées par les femmes qui nous donnent un témoignage (c’est souvent le cas de celles qui gardent leur bébé…), soit, quand elles veulent rester anonymes (99 % des femmes qui souffrent de leur IVG), alors oui, nous illustrons les posts par des photos d’agence. »

L’intox du syndrome post-avortement

Une chose est certaine : la sponsorisation de ces messages sert à relayer l’idée selon laquelle l’avortement serait à l’origine de troubles mentaux.

Marie Philippe appuie son propos en citant 78 « articles scientifiques ». Mais ceux-ci proviennent souvent des mêmes chercheurs : le plus prolixe a participé à la rédaction de quinze d’entre eux.

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Par ailleurs, la valeur scientifique de ces études est remise en cause par Laurence Esterle, directrice de recherche au Centre de recherche médecine, sciences, santé, santé mentale, société (Cermes3), qui avait analysé en 2013 de nombreuses études concernant les suites de l’avortement :

« Les deux seuls articles [de recherche] qui font preuve d’une bonne ou très bonne méthodologie montrent que l’IVG n’augmente pas le risque de développer des troubles mentaux si on prend en compte les antécédents de troubles mentaux. »

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