VIOLENCES FAITES AUX FEMMES - Conséquence de l'affaire de la "Meute", qui avaient vu les auteurs accusés d'agression sexuelle et de viol n'être jugés que pour abus sexuel, le gouvernement socialiste espagnol veut renforcer le code pénal pour introduire la notion de consentement sexuel explicite sur le modèle de la Suède.
"Si une femme ne dit pas 'oui', tout le reste est 'non'. C'est ainsi que seront préservés son autonomie, sa liberté, le respect à sa personne et sa sexualité." Par ces mots, mardi 10 juillet, lors d’une conférence de presse à la commission d’Égalité du Congrès des députés, la vice-présidente espagnole et ministre de l’Egalité Carmen Calvo a tracé la voie.
Elle a annoncé que le gouvernement socialiste va proposer une réforme du code pénal, sur le modèle de ce qui a été adopté en Suède. Dans ce pays, la loi sur le consentement sexuel entrée en vigueur le 1er juillet dans une Suède en pointe sur les questions de consentement, avant même la campagne #MeToo.
Cette loi considère "comme viol tout acte sexuel sans consentement explicite". Une législation similaire s’applique au Royaume-Uni, en Belgique, en Islande et en Allemagne. "C’est en faisant primer son consentement – explicite ou absent – que la femme peut préserver son autonomie, sa liberté et le respect de son individualité et de sa sexualité", a défendu la vice-présidente.
La vice-présidente avait commencé son discours en rappelant que "malheureusement, cette année, nous avons 21 femmes assassinées, en très peu de temps", dans ce qu'elle a décrit comme "une véritable horreur de cette société, de l'Etat, des pouvoirs publics, des responsabilités de chacun d'entre nous, en particulier le mien." Face à cette situation, la ministre a fait appel à la nécessité de "continuer à avancer la prise de conscience dans la société, en travaillant contre cet environnement dans lequel le machisme va jusqu'à l'extrême, le meurtre des femmes et de leurs fils et filles".
Soy una entre muchos y muchas que nos sentimos horrorizados por cuatro asesinatos de #ViolenciaMachista en pocas horas. Tenemos un gravísimo problema como sociedad, como Estado. Es un horror que tiene que cesar. Hay que garantizar la seguridad de las mujeres. Carmen Calvo. — Carmen Calvo (@carmencalvo_) 9 juillet 2018
Nota de prensa: Comparecencia de @carmencalvo_ en la #ComisiondeIgualdad del @Congreso_Es : "Este Gobierno hará políticas feministas con propuestas de transformación de la democracia". https://t.co/4BI7WpASND pic.twitter.com/L5M4oYP5PL — Vicepresidencia (@M_Presidencia) 10 juillet 2018
En Espagne, l'annonce de Carmen Calvo intervient sur fond de polémique autour de l'affaire de "la Meute" (la Manada) : cinq hommes avaient abusé d'une jeune fille lors des fêtes de la San Fermin à Pampelune en 2016. Cette agression a été le détonateur d'une puissante vague féministe dans tout le pays.
La décision de la justice de condamner ces cinq hommes en avril à neuf ans de prison pour "abus sexuel" et non "agression sexuelle", catégorie comprenant les viols et plus lourdement sanctionnée, avait fait descendre des milliers d'Espagnoles et d'Espagnols dans la rue. Tout comme leur libération sous caution le 21 juin.
Des appels se sont multipliés depuis en faveur d'un durcissement du code pénal espagnol, qui stipule pour le moment qu'il doit y avoir "intimidation" ou "violence" pour que le chef d'accusation de viol puisse être retenu.