La réputation de Burberry mise à mal. La marque de luxe a détruit l'équivalent de 20 000 de ses célèbres trenchs, soit 31 millions d'euros de produits. Une pratique de plus en plus contestée par les consommateurs mais qui pourrait bientôt être interdite en France grâce à la demande d'Emmaüs. 

L’enseigne de luxe britannique Burberry a détruit l’an passé des vêtements et cosmétiques d’une valeur de plus de 28 millions de livres (environ 31 millions d’euros) pour protéger sa marque, d’après son rapport annuel.
Cela équivaut en valeur à la disparition en fumée d’environ 20 000 des trenchs iconiques de la célèbre marque, et représente une augmentation de 50 % par rapport à il y a deux ans. Sur ce total, quelque 10 millions de livres (11 millions d’euros) de cosmétiques et parfums ont été détruits en 2017, une hausse justifiée par le groupe par la cession de sa licence beauté au groupe américain Coty. 
"Solder un article, c’est dévaloriser le produit"
La destruction de produits est répandue tant parmi les grands distributeurs que les marques de luxe qui y voient une façon de protéger la propriété intellectuelle et d’empêcher la contrefaçon, en détruisant leurs stocks au lieu de les écouler à bas prix. De fait, "pour certaines maisons, solder un article à -50 %, c’est dévaloriser le produit", expliquait à Novethic, Jean-Noël Kapferer, professeur à l’Inseec Luxury Institute.
Pourtant, d’autres pratiques existent. Les soldes ultra-privées par exemple, permettent d’écouler les stocks souvent dans des endroits secrets et communiquées aux meilleurs clients. Hermès organise une fois par an au Palais des Congrès une vente privée mais sans jamais communiquer publiquement sur l’évènement. De même, les sites de déstockage, soit en ligne, soit dans des centres dédiés permettent de valoriser les invendus.
"Recycler est bien meilleur pour l’environnement que de brûler"
Burberry s’est défendu des critiques en assurant travailler "avec des entreprises spécialisées qui sont capables de récupérer l’énergie de l’opération" de destruction. "Quand on est obligé de détruire des produits, on le fait de manière responsable et on continue à chercher des moyens de réduire et revaloriser nos déchets", a assuré un porte-parole à l’AFP.
Tim Farron, porte-parole sur l’environnement du parti d’opposition des Libéraux démocrates, a qualifié la pratique du groupe de "scandaleuse", estimant que "recycler est bien meilleur pour l’environnement que de brûler pour générer de l’énergie".
En France, d’ici 2019, les marques ne devraient plus avoir le droit de jeter ou brûler leurs vêtements invendus. C’est qu’avait demandé Emmaüs au gouvernement. L’association souhaitait appliquer les grands principes de la loi anti-gaspillage alimentaire au secteur textile. En avril dernier, elle a obtenu gain de cause : le gouvernement a introduit la mesure dans sa feuille de route sur l’économie circulaire, sans, pour l’instant, donner plus de détails.
Marina Fabre@fabre_marina avec AFP

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