Rita, Caroline, Nicole, Sabrina, Eleonore… elles sont vingt, de tout âge, de tout milieu social. Leur point commun : être morte sous les coups d’un proche, de leur mari, compagnon, ou ex, depuis le début de l’année 2018 en Belgique. Ces femmes ont été victimes de “féminicide”, que l’Organisation mondiale pour la Santé (OMS) décrit depuis 2012 comme “le meurtre d’une femme”, parce qu’elle est femme. Ce terme entre peu à peu dans les mœurs… et dans les codes pénaux. En Amérique latine (au Pérou, au Nicaragua...), en Europe (en Italie, en Espagne), il fait désormais partie de l’arsenal juridique pour lutter contre les violences faites aux femmes. Objectif d'une telle mesure : apporter une circonstance aggravante à un simple homicide, et dissuader les hommes.
Formation des policiers
En Belgique, la coprésidente des Ecolos, Zakia Khattabi est montée au front, en mars dernier. Elle demande que “la spécificité du féminicide soit reconnue”, et que “les policiers soient formés à l'accompagnement des signalements de violences faites aux femmes.” Dans la plupart des affaires, les victimes de féminicides sont d’abord des victimes de violences domestiques. Les voisins se doutent, les amis s’inquiètent, les autorités sont prévenues, mais les auteurs arrivent tout de même à leur fin.
Contrairement à d'autres pays, la Belgique ne décompte pas officiellement le nombre de femmes tuées par leur mari, ex ou compagnon. Seul le Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale a voté une "résolution condamnant le féminicide” en juin 2016. En attendant que la législation évolue, les associations prennent le relais. “Stop Féminicide” recense les affaires couvertes par la presse en Belgique. Nous avons compilé et détaillé leurs données dans une carte interactive, à consulter ci-dessus.