La journaliste sud-africaine, qui a relaté sa rencontre avec Nicholle Kobi dans Quartz Africa, n’en revient pas :

“Kobi suscite nettement moins d’intérêt à Paris que dans des villes comme La Nouvelle-Orléans ou Johannesburg.”

Française née à Kinshasa et élevée en Normandie, Nicholle Kobi, aujourd’hui 38 ans, a dû prendre son mal en patience avant de vivre de son talent. “Un jour, son professeur d’histoire de l’art lui a conseillé de trouver un emploi salarié parce qu’elle ne pourrait jamais gagner sa vie en ne dessinant que des femmes noires”, raconte l’édition africaine du site d’informations américain.

Dessiner des femmes noires “dans toute leur diversité”

L’illustratrice passe ainsi dix ans à travailler dans une banque “en dessinant sur tous ses contrats”. Finalement, elle décide de se lancer, poussée par une frustration qui ne cessait de grandir :

“Elle a toujours déploré ce manque de diversité, allant jusqu’à demander dans les commentaires [de sites Internet] pourquoi les femmes noires étaient si peu représentées. Et quand il y avait des illustrations de femmes noires, Kobi y voyait d’embarrassants stéréotypes.”

“C’est comme ça que j’ai décidé de dessiner les femmes noires telles que je les voyais, telles qu’elles sont réellement”, explique Nicholle Kobi.

Principalement diffusées sur les réseaux sociaux, ses illustrations de “femmes noires dans toute leur diversité” sont devenues “une sorte de phénomène culturel parmi les femmes de la diaspora africaine” à travers le monde. Sur ses dessins les plus repris figurent des “groupes de femmes noires élégantes, arborant des coiffures sophistiquées et tout un nuancier de couleurs de peau”.

En France, on dit “un Black” et pas “un Noir”

C’est à Paris, “ville pourtant cosmopolite”, que la dessinatrice “a véritablement pu mesurer l’étendue du racisme et de l’exclusion que subissent les Noirs dans la société française”. Elle le ressent dans son entourage, que ce soit au travail ou dans un dîner.

“Kobi sentait une pression la poussant à intégrer des groupes où elle était la seule personne noire. C’est une expérience familière pour toutes les personnes de couleur, une sorte de fausse diversité qui ne laisse de place que pour un(e) représentant(e) non blanc.”

Elle ressent aussi cette contrainte dans sa vie amoureuse :

“Sa décision d’épouser un Noir semblait contrevenir à la convention implicite qu’une Parisienne, noire, en pleine ascension, devrait se trouver un compagnon d’une autre [couleur].”

En début d’année, Nicholle Kobi a décidé de quitter Paris pour Harlem, à New York. “Je ne voulais pas être la bonne petite Parisienne noire”, insiste-t-elle. À Paris, les Noirs ne sont pas prêts à se revendiquer comme tels” :

“C’est pour cela que le mot ‘noir’ n’est pas utilisé dans ce pays, il comporte encore tellement de connotations négatives. Il est plus facile d’utiliser le terme de l’anglais américain et de parler ‘des Blacks’.”