La lutte contre le harcèlement des femmes devient mondiale

Violence à l'égard des femmes.

© Pixabay-Alexa_Fotos

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Par Margaux Parthonnaud

Harcèlement, sexisme, misogynie... Les femmes peuvent se retrouver victimes des hommes de bien des manières. Décidées à ne pas se laisser faire, de nombreux collectifs émergent dans le monde afin de lutter contre ces violences. 

Entre le harcèlement de rue, au harcèlement sexuel en passant par le harcèlement en ligne, chaque jour, des femmes sont confrontées à différents types d'harcèlement. Si c'était moins le cas il y a quelques années, aujourd'hui les langues se délient et les femmes dénoncent ces agressions sexistes quotidiennes. 

Le revenge porn, un acte sévèrement punit par la loi 

Le harcèlement en ligne, aussi connu sous le nom de "revenge porn", est un partage, sur le web, d'images non consensuelles. Dans un seul but : la vengeance.

Aujourd'hui, un mouvement mondial lutte contre la misogynie en ligne. Des photos intimes d'une femme mises en ligne par un homme après s'être fait voler son téléphone, ou divulguées après un détournement d'identité...

Internet devient une arme redoutable. Au Kenya, au Nigeria, au Pakistan, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis ou encore en Amérique latine, tous, cherchent à lutter contre ces pratiques qui transcendent les frontières et tendent à redonner le contrôle de l'identité de ces femmes, abusées en ligne. Ces luttes se font au travers de mouvements tels que BADASS, CITAD, Luchadoras... 

De plus en plus de femmes sont victimes de cette forme d'agression. Certaines actrices lèvent leur voix. C'est le cas de la Britannique, Emma Watson. En 2014, après un discours sur l'égalité hommes-femmes, elle avait été menacée de voir des images d'elle, nues, postées sur le net.  "Je savais que c'était une intox, que de telles images n'existaient pas", avait-t-elle assuré. "Dès la minute où j'ai commencé à prendre position et à parler des droits des femmes, j'ai été menacée", avait-elle poursuivi. Finalement, des photos d'elle, piratées, où elle essaie des vêtements ont été divulguées. 

Certains pays, tels que le Japon, le Canada, les Etats-Unis, Israël ou encore la France, répriment le revenge porn. La sanction ? Deux ans d'emprisonnement et 60.000 euros d'amende. 

Huit Françaises sur dix sont victimes d'harcèlement sexuel 

Selon le sondage Ifop pour le site VieHealthy.com, près de 81% des femmes disent avoir été victimes d'harcèlement sexuel. Les agressions et le harcèlement sexuel concernent toutes les femmes, pourtant, peu portent plainte. C'est avec des mouvements tel que #BalanceTonPorc ou #MeToo que les femmes prennent la parole afin de dénoncer les agressions auxquelles elles ont fait face. Ce mouvement est une réelle libération de la parole. Ces mouvements nés en 2017 en France ont pris une ampleur internationale, touchant toutes les femmes du monde, leur permettant d'avoir une voix et de pouvoir s'exprimer. 

La chanteuse britannique Lily Allen a récemment raconté son histoire lors d'un entretien dans "The Guardian Week-end" à l'occasion de la parution de son autobiographie. Elle explique comment un dirigeant de l'industrie musicale l'a sexuellement agressée en 2015. 

Dans cette interview, elle raconte ce qu'elle a vécu. Alors qu'elle sortait d’une mauvaise passe, elle fait la rencontre d'un homme. Lors de leur seconde rencontre, il l’accompagne, ivre, dans sa chambre d’hôtel pour la laisser y dormir. Mais, à 5h du matin, elle se réveille nue, sentant le corps d’un homme nu près d'elle. "Je me suis éloignée aussi vite que possible et j’ai sauté du lit paniquée… j’ai trouvé rapidement mes habits et j’ai couru hors de sa chambre pour rejoindre la mienne", raconte-t-elle.

En Argentine, une femme est tuée toutes les 18h

"Ni Une Menos", le collectif qui lutte contre les féminicides. Né en Argentine en 2015, un collectif d'écrivaines, de journalistes et d'activistes dénonce cette pratique qui semble être acceptée par la société, légitimée par les discours publics et médiatiques. Comme si battre une femme était naturel. Les Argentins (hommes et femmes) descendent dans les rues, réclament la fin des féminicides et demandent la mise en place de politiques visant à protéger les femmes. 

Les femmes subissent des discriminations de toutes sortes dans une culture argentine où le machisme est très ancré. Elles gagnent 27% de moins que les hommes, subissent des harcèlements et des violences au quotidien, sont victimes de grossesses non désirées et n'ont pas le droit à l'avortement. Le mouvement tend à faire changer les mentalités en brisant les codes de cette culture. 

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Ce n'est pas normal de devoir faire attention à notre tenue, on devrait pouvoir s'habiller comme bon nous semble, sans redouter la réaction des hommes

Le harcèlement de rue reste une réalité. Selon l'enquête "Mon expérience du sexisme",  98% des femmes belges ont déjà été harcelées dans la rue. Le collectif "Laisse les filles tranquilles" reprend possession de la rue et rappelle les hommes à l'ordre. Trois amies d'enfance, souhaitant rester anonymes lutte contre le patriarcat. Face au harcèlement de rue dont elles ont été victimes lorsqu'elles étaient âgées de 16 ans, elles décident aujourd'hui de rétorquer. "Ce n'est pas normal de devoir faire attention à notre tenue, on devrait pouvoir s'habiller comme bon nous semble, sans redouter la réaction des hommes", disent-elles. Pochoirs, affiches, le collectif, aujourd'hui rejoint par d'autres volontaires, arpente les rues afin de placarder les affiches et bomber les trottoirs. 

"Touche pas à ma pote", cette campagne initiée par l'hebdomadaire ELLE Belgique, lutte contre le harcèlement de rue et le sexisme quotidien. Aujourd'hui, elle est devenu une ASBL Bruxelloise prônant la "mise en place de campagnes de sensibilisation, d'éducation, des sanctions et une loi contre le sexisme". Plus récemment encore, l'ASBL a lancé un projet en collaboration avec la secrétaire d'Etat bruxelloise à l'Egalité des chances, Bianca Debaets. Le projet ? Une première application belge destinée à combattre le harcèlement de rue. Cette dernière permet aux femmes de signaler l'intimidation sexuelle et de mobiliser les passants.  "Il y a trop peu de respect pour les femmes dans les espaces publics. "Se faire insulter ou agresser en rue a des effets négatifs durables. Nous ne pouvons pas accepter cela. J'appelle les bruxellois à s'engager", affirme la secrétaire d'Etat. 

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