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Un condom invisible pour donner plus de « pouvoir aux femmes »

Une nouvelle méthode de contraception et de protection est conçue à Québec.

Une nouvelle méthode de contraception et de protection est conçue à Québec.

Photo : iStock

Radio-Canada

Après 20 ans de recherches, l'efficacité du condom invisible pour femmes, qui doit à la fois prévenir les grossesses et lutter contre les infections, est finalement testée sur une trentaine de couples. La commercialisation de ce produit conçu au Québec pourrait révolutionner la santé sexuelle des femmes.

Un texte de Fanny Samson (Nouvelle fenêtre)

Des chercheurs du Centre de recherche en infectiologie de l’Université Laval travaillent sur cette nouvelle méthode de contraception et de protection depuis des années pour donner plus de choix aux femmes en ce qui concerne leur santé sexuelle.

Le condom invisible, qui ne ressemble en rien au condom féminin, est en fait un tube transparent percé de trous et rempli d’un gel translucide, qui s’insère dans le vagin comme un tampon.

Le gel s'applique comme un tampon à l'aide d'un applicateur en plastique.

Le gel s'applique comme un tampon à l'aide d'un applicateur en plastique.

Photo : Radio-Canada

Ainsi, la protection des femmes ne dépend plus de son partenaire.

« Faut que l'homme porte un condom. S'il ne veut pas, la femme ne sera pas protégée ou elle n'a pas de relation sexuelle. Tandis que [le condom invisible] c'est au choix de la femme, il n'y a absolument aucun contrôle masculin », souligne le gynécologue Mathieu Leboeuf, qui collabore à l’étude.

Le chercheur au Centre de recherche en infectiologie de l’Université Laval, Rabeea Omar, veut « donner le pouvoir aux femmes » de choisir un produit « sous contrôle féminin ».

Le gel utilisé bloque à la fois les spermatozoïdes et les bactéries responsables des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS), précise le chercheur.

Ça va carrément geler les spermatozoïdes et toutes les autres bactéries, virus nuisibles, et en plus, ça va les détruire.

Une citation de Mathieu Leboeuf, gynécologue
Le gynécologue Mathieu Leboeuf collabore à l'étude sur le condom invisible.

Le gynécologue Mathieu Leboeuf collabore à l'étude sur le condom invisible.

Photo : Radio-Canada / Fanny Samson

Un pas de plus vers la commercialisation

Contrairement au condom, qui est utilisé depuis longtemps, le condom invisible a besoin de faire ses preuves avant d’être approuvé par Santé Canada, parce que l'ingrédient actif n'a jamais été testé pour cet usage.

Pour déterminer si le produit est sécuritaire et qu’il ne provoque pas d’effets secondaires, il a d'abord été testé sur 500 femmes au Québec et au Cameroun. Il faut maintenant vérifier s’il est efficace.

Un chercheur tient dans ses mains un nouveau condom à l'étude.

Rabeea Omar, chercheur au Centre de recherche en infectiologie de l’Université Laval

Photo : Radio-Canada / Fanny Samson

Le chercheur Rabeea Omar mentionne que son équipe a décidé de tester l’efficacité de la contraception en premier.

Selon l’une des participantes de l’étude, son application est simple. « Tu n’es pas obligée de compter tout le temps sur quelqu'un », affirme Janique Gagnon Lacoste.

Sans dévoiler les résultats préliminaires de l’étude, M. Omar affirme qu’ils sont prometteurs. Si tout va bien, le condom invisible pourrait être commercialisé comme contraceptif d’ici 2 ans.

Toutefois, avant d'être vendu en tant que préservatif contre les ITSS, il faudra tester à nouveau son efficacité, ce qui pourrait prendre encore plusieurs années et plusieurs millions de dollars.

Révolutionner la santé sexuelle des femmes

Les femmes ont très peu de choix en ce qui concerne leur santé sexuelle, déplore la sexologue Laurence Desjardins.

« Les femmes sont restées prises avec des moyens qui sont beaucoup plus mécaniques ou hormonaux, et ce sont souvent des moyens qui vont remplir seulement l’une des deux fonctions qui nous intéressent ici, soit la contraception et la protection contre les ITSS », explique-t-elle.

Une femme blonde tient une pochette qui contient un condom féminin.

La sexologue Laurence Desjardins tient un condom féminin.

Photo : Radio-Canada

Ça pourrait être une protection super intéressante pour les femmes, ça redonnerait le pouvoir aux femmes de se protéger [...], il y a beaucoup d'éléments qui pourraient être très révolutionnaires.

Une citation de Laurence Desjardins, sexologue

Actuellement, les femmes peuvent opter pour le condom féminin, mais il est difficile à trouver et il est surtout peu utilisé, souligne le gynécologue Mathieu Leboeuf.

En pharmacie, il a pratiquement disparu des tablettes. « Il y a des pharmacies qui ne le commandaient même pas parce qu'il n'était pas assez vendu », souligne pour sa part Mme Desjardins.

Le manque de choix s’explique entre autres par le peu d’études et de financement accordés à la santé sexuelle des femmes.

D’ailleurs, les chercheurs du Centre de recherche en infectiologie de l’Université Laval ont eu de la difficulté à trouver des fonds. Leur étude pilote a finalement été financée par des acteurs de l’industrie qui ne sont pas situés en sol canadien.

La sexologue croit que le condom invisible pourrait redonner aux femmes la maîtrise de leur vie sexuelle et surtout leur redonner un pouvoir économique dans certains pays du monde. « Les grandes compagnies sont un peu frileuses à donner de l'argent pour le soin des femmes », déplore Laurence Desjardins.

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