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TUNISE

En Tunisie, 21 tonnes de déchets "recyclés" en cartables scolaires

Avec son association "Tunisie recyclage", Houssem Hamdi a troqué 21 tonnes de déchets contre des fournitures scolaires. Crédits : Tunisie recyclage / Houssem Hamdi.
Avec son association "Tunisie recyclage", Houssem Hamdi a troqué 21 tonnes de déchets contre des fournitures scolaires. Crédits : Tunisie recyclage / Houssem Hamdi.
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Cet été, l’association Tunisie recyclage a organisé une série de campagnes de collecte de déchets à travers plusieurs villes et plages du pays. Entre août et septembre, les bénévoles ont ramassé plus de 21 tonnes de verre et plastique. Ces ordures ont ensuite été revendues à des entreprises de tri, permettant d’acheter assez de fournitures scolaires pour tous les élèves d’une petite école démunie.

Depuis 2012, l’association Tunisie recyclage, basée dans la banlieue nord de Tunis, mène des campagnes de sensibilisation au tri et des collectes de déchets aux alentours de la capitale. Mais dans un pays où la gestion des déchets a longtemps été laissée à l’abandon, le message a parfois du mal à passer.

Cet été, Houssem Hamdi, le président de Tunisie recyclage, a alors eu l’idée de passer à l’étape supérieure en triant et revendant directement les ordures collectées. L’argent gagné a ensuite été réinvesti dans l’achat de fournitures scolaires.

"En un mois, on a collecté 8 tonnes de plastique recyclable et 13 tonnes de verre"

Grâce à cette action, documentée sur les réseaux sociaux, cet informaticien de formation espère intéresser les Tunisiens à la revalorisation des déchets :

Au début, notre association partait d’un constat : celui de la défaillance des instances de l’État chargées de la collecte des déchets. On remarquait de plus en plus de déchets traînant dans nos rues. Mais petit à petit, nous nous sommes rendus compte que nos opérations de nettoyage n’avaient pas vraiment de "valeur ajoutée", tout simplement parce que les déchets finissaient tous… dans des déchetteries à ciel ouvert. Je pense que pour être plus efficace, il faut instaurer le "tri à la source", dans les domiciles, les écoles. Et surtout, trier les ordures que l’on collecte pendant nos campagnes. Car, et certaines personnes n’en ont pas encore bien conscience, ces déchets peuvent avoir une valeur économique. Cet été, à partir du mois d’août, nous avons donc décidé de lancer un projet "deux en un" permettant de ramasser des déchets autour des villes (du nord-est de Tunis) de Tabarka ou Gammarth, puis de les trier de manière à ce qu’ils puissent nous rapporter quelque chose.

On a également invité les gens qui nous suivent (notamment sur Facebook) à trier chez eux. En un mois, on a collecté 8 tonnes de plastique recyclable et 13 tonnes de verre. Le plastique a été revendu à un entrepreneur près de notre local (situé à La Soukra, en banlieue nord de Tunis), et le verre à une autre entreprise (Sotuver). Avec cela, nous avons gagné… près de 5 000 dinars (un plus de 1 500 euros).

Cette petite richesse a été réinvestie dans l’achat de 145 sacs-à-dos d’écoliers, comportant chacun toutes les fournitures scolaires nécessaires à un enfant de primaire. En période de rentrée, c’est une thématique qui touche beaucoup les Tunisiens. Ces affaires ont été distribuées le 22 septembre dans une petite école démunie près de la frontière algérienne, à Aïn Draham.

Nous avons expliqué aux enfants que ces sacs ont été financés grâce au recyclage de déchets, ce qui est aussi une manière de les sensibiliser ! Après la publication des images sur les réseaux sociaux, nous avons reçu de nombreux commentaires positifs. J’espère que ça pourra motiver davantage les gens et inspirer chez eux "l’esprit du tri".

Diaporama photos des actions de l'association Tunisie recyclage, de la collecte à la distribution des cartables. Photos envoyées par notre Observateur Houssem Hamdi. Crédit : Tunisie recyclage.

En Tunisie, la prolifération des déchets s’est accrue après la révolution de 2011, notamment parce que jusqu’en 2018, il n’y avait pas de pouvoirs locaux élus. Les mairies étaient alors gérées par des "délégations spéciales", nommées au lendemain de la chute du régime de Ben Ali, et dont la gestion a souvent été défaillante.

Face à cette problématique, les initiatives se multiplient dans le pays. Mohammed Oussama Houij, un ingénieur tunisien en génie sanitaire âgé de 27 ans, a remonté à pied la côte tunisienne, avec l'objectif de dénoncer les différentes pollutions qui affectent des plages de son pays, souillées par les baigneurs et les industries.

>> LIRE SUR LES OBSERVATEURS : Nettoyer les plages de Tunisie, les "300 kilomètres" de défi d'un jeune ingénieur

Vous aussi vous avez repéré une campagne ou une initiative citoyenne près de chez vous ? N’hésitez pas à venir nous en parler par mail : observateurs@france24.com ou sur notre page Facebook !

Cet article a été écrit par Maëva Poulet (@maevaplt).

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