Octobre rose : grâce au tatouage 3D, elle aide les femmes à se reconstruire après un cancer du sein

Anaïs Condomines
Publié le 4 octobre 2018 à 12h19, mis à jour le 4 octobre 2018 à 12h35
Octobre rose : grâce au tatouage 3D, elle aide les femmes à se reconstruire après un cancer du sein

RECONSTRUCTION - Alexia Cassar est la première tatoueuse à s'être lancée, en France, dans la reconstruction mammaire en 3D pour les femmes qui ont été victimes d'un cancer du sein et ont dû subir une mastectomie. LCI l'avait rencontrée en mai 2017. Nous republions cet article alors que se tient la 25e édition d'Octobre Rose, l'opération annuelle de lutte contre le cancer du sein.

Alexia Cassar n'est pas une tatoueuse comme les autres. Après quinze années passées dans l’industrie pharmaceutique aux unités de recherche en oncologie, elle a décidé de changer de vie. A quarante ans tout juste, elle est ainsi devenue la première tatoueuse 3D en France spécialisée dans la reconstruction mammaire au service des femmes en rémission après un cancer du sein.

Bientôt, elle pourra recevoir ses patientes dans son propre atelier, ni vraiment salon de tatouage ni salle de soins aseptisée. L'opération de crowfunding qu'elle a lancée pour le "Tétons Tatoo project" vient en effet d'atteindre l'objectif de 30.000 euros, somme nécessaire aux travaux de son cabinet. En attendant, nous retrouvons Alexia Cassar à La Chapelle en Serval, un petit coin de verdure dans l'Oise, où elle effectue ses consultations dans la maison médicale de la commune. Une solution provisoire où, déjà, la magie opère.

"La cerise sur le gâteau"

"Je suis partie apprendre la technique de tatouage 3D aux Etats-Unis", explique-t-elle. "Cette technique vise à utiliser des encres de tatouage définitives qui vont donner un aspect complètement réaliste au mamelon et à l'aréole du sein, parce qu'on fait vraiment du trompe-l'oeil. Et grâce à cette vraisemblance, la patiente s'approprie mieux le sein reconstruit. Elle peut se projeter dans cette nouvelle image corporelle. Les femmes que je reçois me disent souvent que c'est 'la cerise sur le gâteau', parce que cette étape leur permet de se retrouver. Quand on reconstruit le sein, on reconstruit aussi une histoire familiale, un couple..."

Un projet soutenu par l’institut Gustave Roussy, centre européen de lutte contre le cancer. L’un des chirurgiens esthétique de cet institut, Nicolas Leymarie, spécialisé dans la reconstruction mammaire, explique à LCI pourquoi il dirige régulièrement des patientes, le moment venu, vers les bons soins d’Alexia. "La technique du tatouage 3D intervient en troisième position dans la reconstruction d'un sein après une mastectomie. D'abord, il faut recréer le volume, puis la symétrie de la poitrine. C'est un processus long et qui demande plusieurs opérations chirurgicales. A l'hôpital, nous avons plusieurs méthodes pour reconstruire l’aréole. Nous travaillons à partir d'une greffe ou de la dermopigmentation, mais les résultats ne sont pas toujours symétriques, ni durables. Or, la technologie de la reconstruction du mamelon et de l’aréole par le tatouage en 3D est à la fois définitive et très esthétique. Nous sommes très contents que cette technique arrive en France grâce à Alexia Cassar."

"Elles se retrouvent, elles se découvrent"

Les patientes qui se tournent vers la reconstruction tridimensionnelle sont sélectionnées en fonction de la qualité des tissus, afin de garantir un rendu optimal. Pour l’heure en tout cas, Nicolas Leymarie l’assure : "Les premiers résultats sont assez impressionnants et les retours des patientes très positifs. Pour elles, c’est une étape qui finalise la reconstruction, en dehors de l’hôpital. C'est un moyen de tourner la page." 

Un moment pivot dans la guérison et la reconstruction morale après la maladie dont Alexia est la témoin privilégiée à chacune de ses interventions. " Ces femmes arrivent parfois avec une attitude blasée, elles ne se regardent pas, ou bien elles se déshabillent de façon mécanique. Cette poitrine, elles ne veulent plus la voir en tant que telle. Et puis quand le tatouage est fini et que je les envoie vers le miroir, il y a une espèce d'éclosion. C'est un moment très émouvant où elles se retrouvent, elles se découvrent. Leur regard sur elle-même change de façon immédiate. Cette délivrance de se retrouver, c'est un moment exceptionnel." Quant au coût : compter 400 euros pour le tatouage sur un sein, 600 euros sur les deux. Une dépense qui pour l'heure n'est pas prise en charge par la sécurité sociale.


Anaïs Condomines

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