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Santé

Journée mondiale du droit à l'avortement : état des lieux dans le monde

À l'occasion de la Journée mondiale du droit à l'avortement, le point sur l'accès à ce droit en France et dans le monde.

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Vendredi 28 septembre 2018, c'est la Journée mondiale du droit à l'avortement. L'occasion de faire le point sur le droit à l'interruption volontaire de grossesse (IVG) dans le monde dans la carte interactive ci-dessus (cliquer ici si elle ne s'affiche pas). En France, le nombre d'interruptions volontaires de grossesse (IVG) est stable depuis 15 ans en France, mais au pays de Simone Veil, les obstacles restent nombreux pour les femmes qui veulent exercer leur droit à l'avortement.

Des difficultés, même en France

Les statistiques l'indiquent : "une femme sur trois aura recours à un avortement au cours de sa vie", rappelle Véronique Séhier, coprésidente du Planning familial. En 2017, 216.700 IVG ont été réalisées dans l'Hexagone, quasiment le même nombre qu'en 2001, quand le délai légal est passé de 10 à 12 semaines de grossesse. Mais 43 ans après la légalisation de l'avortement, il y a encore selon Mme Séhier "des territoires en difficulté", où cet acte médical relève d'un parcours de combattante.

Ainsi, dans la Sarthe, l'hôpital du Bailleul a dû interrompre son activité d'orthogénie en janvier, après que trois médecins ont fait valoir leur "clause de conscience", qui leur permet de refuser de faire des IVG. Après l'intervention du gouvernement, la reprise était prévue début octobre 2018. Ce cas n'est pas isolé, mais "il est impossible d'avoir des chiffres sur la clause de conscience, car ils n'existent pas", déplore Anne-Marie Curat, présidente de l'Ordre des sages-femmes.

La clause de conscience des médecins en question

"Les médecins qui ne veulent pas en faire sont toujours les mêmes", rétorque Andrée Parrenin, vice-présidente de l'Ordre des médecins. Un "état des lieux" chiffré de l'accès à l'IVG, commandé mi-septembre par la ministre de la Santé Agnès Buzyn, devrait permettre de savoir si le nombre de médecins faisant valoir la clause de conscience est en augmentation. Quant à son éventuelle suppression, la secrétaire d'Etat à l'Egalité femmes/hommes, Marlène Schiappa, a indiqué le 7 septembre 2018 qu'elle n'y était "pas favorable". Lorsqu'un gynécologue est contre l'avortement, "en tant que femme (...) je préfère qu'il ne pratique pas d'avortement sur moi", a-t-elle fait valoir.

MANQUE DE MÉDECINS. Quand ce n'est pas la réticence du praticien, c'est parfois son absence qui complique les choses. "C'est un équilibre précaire. Il suffit qu'un médecin prenne sa retraite ou parte en congé", constate Mme Séhier, sur la foi des 26.000 appels annuels au numéro vert national "aide avortement" (0.800.08.11.11) géré par le Planning familial. Elle évoque les cas récents des hôpitaux de Longjumeau (Essonne), Aubenas (Ardèche) et Fougères (Ille-et-Vilaine), qui ont dû réduire ou arrêter temporairement les IVG.

"Chaque fois que vous avez une petite maternité qui ferme, vous avez un centre IVG qui ferme"

Le phénomène ne concerne pas que les villes moyennes. A Paris, l'hôpital Tenon peine à recruter un médecin titulaire pour son centre IVG, qui fonctionne grâce à des vacataires. "Ca devrait être un acte médical comme un autre, mais force est de constater qu'il a toujours une connotation militante", observe Francis Pomey, gynécologue libéral installé dans le nord de la capitale. Dans son cabinet, où il prescrit la pilule abortive, il dit voir arriver "des femmes à qui on a mis des bâtons dans les roues". Pour lui, la médecine de ville "absorbe ce que l'hôpital ne peut pas faire".

Depuis 2004, l'IVG médicamenteuse (jusqu'à la 7e semaine de grossesse) a été progressivement autorisée aux médecins libéraux, aux centres de santé, aux centres de planification et d'éducation familiale (CEPF) et dernièrement aux sages-femmes. Elle représentait un tiers des avortements en 2001, contre deux tiers pour les actes chirurgicaux, une proportion qui s'est inversée en 15 ans. Cette tendance va de pair avec la fermeture de nombreuses maternités : sur la même période, leur nombre est passé de 679 à 497 en métropole, soit une baisse de 27%. "Chaque fois que vous avez une petite maternité qui ferme, vous avez un centre IVG qui ferme", souligne Mme Séhier. La coprésidente du Planning familial pointe par ailleurs l'activisme des sites internet anti-IVG, "toujours très présents". Une loi votée début 2017, censée sanctionner la "désinformation" en ligne sur l'avortement, s'avère en pratique inefficace.

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