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Luxembourg : les femmes ne représentent qu’un cinquième des députés…


Sam Tanson et Simone Asselborn-Bintz , lors de leur assermentation en avril. De trop rares visages de femme à la Chambre des députés ! (Photo : Tania Feller).

Un cinquième des élus issus des dernières élections sont des élues. Malgré les quotas imposés aux partis politiques, les femmes parviennent difficilement à décrocher des mandats.

Ce n’est pourtant pas faute d’essayer. La loi de 2016 imposant des quotas de femmes (40 %) sur les listes électorales a certes été jugée comme étant un modèle pour l’Europe en matière de parité politique par la commissaire européenne à l’Égalité des chances, Vera Jourová, mais son efficacité laisse à désirer au vu des résultats des dernières élections législatives. Un total de 249 femmes figurait sur les listes électorales et douze seulement ont été élues. Pourtant, il n’y avait pas 40 % de femmes sur les listes, mais 46 %. Faudrait-il imposer des quotas à 70 % de femmes pour espérer atteindre la parité à la Chambre des députés?
«Tant que les femmes n’auront pas plus de visibilité en politique, les gens omettront de voter pour elles», indique Anik Rasquin, chargée de direction du Conseil national des femmes (CNFL), persuadée que le problème et sa solution résident dans «le système». «Une étude de l’Observatoire de la participation politique des femmes aux élections indique que les femmes politiques connues ont autant de chances de se faire élire que les hommes», poursuit Anik Rasquin. Selon elle, les partis politiques devraient davantage mettre les femmes en avant pour les faire connaître des électeurs. «Ce n’est pas une question de compétences inférieures à celles des hommes», précise la chargée de direction du CNFL.
Pour que plus de femmes soient élues, il faudrait donc changer les mentalités. «C’est inconscient. Les gens votent pour des hommes parce qu’ils ont été éduqués dans une société d’hommes», précise Anik Rasquin. La plupart des têtes de liste des partis sont des hommes. Les ministres sont des hommes… Dans le précédent gouvernement, seules trois femmes occupaient des postes ministériels, soit un ministre sur cinq. Ce qui place le Luxembourg en 77e place sur 186 pays d’une étude réalisée en 2017 par les Nations unies, alors que nos voisins français se classaient en deuxième position.

«Un monde masculin»
Anik Rasquin est persuadée que les partis politiques n’ont «jamais réellement cherché à mettre des femmes sur les listes avant que la loi sur les quotas soit promulguée. Avant, ils nous disaient qu’ils n’en trouvaient pas et, après la loi, ils en ont trouvé tout d’un coup.» Les hommes mettraient-ils des bâtons dans les roues des femmes? En tout cas, pour le CNFL, cette absence de parité en politique donne un signal négatif à la société quant au rôle des femmes.
Des femmes qui, quand elles parviennent à percer, occupent, toujours selon l’étude des Nations unies, des postes dits féminins, comme l’environnement, les affaires sociales, la famille ou, très loin derrière, l’éducation, la culture et le travail. Même ministres, elles resteraient des stéréotypes.

Quand les pays nordiques culminent à 41 % de femmes ! 

En 2017, avec ses 17 femmes parlementaires sur 60, le Luxembourg se classait en 52e position sur 186 pays. Soit 28,3 %, quand les pays nordiques culminent à 41 % de femmes en moyenne. Pour la ministre de l’Environnement du gouvernement sortant, Carole Dieschbourg, «c’est malheureux! Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour arriver à la parité, alors qu’il y a dans le pays plein de femmes qui ont des idées et qui s’engagent. C’est le cas chez déi gréng. Nous n’atteignons pas la parité à la Chambre des députés, c’est vrai, mais nous avons beaucoup de femmes qui s’engagent et sont motivées. Je pense qu’un jour on y arrivera. D’ici là, il faut continuer à sensibiliser sur le sujet.»
Corinne Cahen, la présidente du DP, est, quant à elle, «très surprise qu’il n’y ait que 12 femmes élues. Il n’y a jamais eu autant de femmes candidates aux élections législatives. Il faudrait faire une analyse, car la population se compose de 50 % de femmes. Au DP, nous avons trois femmes élues sur cinq au Centre. Le DP n’a jamais eu à démontrer que les femmes avaient leur place dans le parti.»
Toutes les femmes ne sont pas des Lydie Polfer, des Colette Flesch ou des Simone Beissel. Certaines ont parfois besoin d’un petit coup de pouce ou de faire jouer la sacro-sainte solidarité féminine.

Sophie Kieffer

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