Cet été, le calvaire de Khadija, séquestrée, violée et torturée à 17 ans a choqué bien au-delà des frontières du Maroc. En 2018, cela reste très compliqué pour de nombreuses Marocaines, violées, harcelées ou agressées sexuellement, de dénoncer les faits. Le harcèlement de rue ne faiblit pas. Samedi, le collectif de défense contre les violences à l’égard des femmes « Masaktach », appelle les Marocaines à se munir de sifflets. L’idée ? Si vous êtes sifflée, suivie en voiture, draguée lourdement, insultée, touchée contre votre gré…, « prenez le monde à témoin. Dénoncez-le. Soufflez aussi fort que vous pouvez dans un sifflet », indique le collectif, comme le rapporte « Medias 24 ». Les militantes rappellent également que le harcèlement sexuel « est puni d’un emprisonnement d’un mois à six mois et d’une amende de 2 000 à 10 000 DH ». Il est ainsi caractérisé : « dans les espaces publics ou autres, par des agissements, des paroles, des gestes à caractère sexuel ou à des fins sexuelles ; par des messages écrits, téléphoniques ou électroniques, des enregistrements ou des images à caractère sexuel ou à des fins sexuelles. » Le problème ? Même si le Maroc a adopté en février dernier une loi contre les violences faites aux femmes, elle est jugée insuffisante pour les associations féministes. Qui s’alarment que la justice ne suive pas. « Puisque les peines ne sont pas appliquées, il ne nous reste plus qu’à faire du bruit et mettre fin à ce silence constant des femmes harcelées dans les rues », explique au « HuffPost Maroc » une des fondatrices du collectif.  

 « S’il te manque de respect, siffle. »

 
Sur les réseaux sociaux, la mobilisation a déjà commencé via le hashtag #ila_dsser_seffri (« s’il te manque de respect, siffle ») ou #Masaktach. Ce dernier avait déjà surgi fin août quand Saad Lamjarred, la star de la pop marocaine, avait été accusée de viol. De nombreuses Marocaines avaient par exemple appelé les radios à ne plus diffuser ces chansons. Un vent de mobilisation souffle sur le Royaume et samedi, les sifflets vont probablement faire beaucoup de bruit. Chaque femme a peut-être aussi en tête les mots de Khadija. Entendue à nouveau par les juges le 10 octobre dernier, elle a confirmé toutes ses accusations, malgré les menaces, comme le souligne « Le Figaro ». Et à la sortie du tribunal, elle a appelé « toutes les filles à se montrer courageuses ».
 
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