Cette chercheuse a créé les pages Wikipédia de 270 femmes scientifiques

Elle espère pouvoir rééquilibrer la balance dans cet univers si masculin.

 Jess Wade
Jess Wade Wikimedia CC

    « J'ai pris consciences que les choses ne changeraient que de l'intérieur. » Jess Wade est post-doctorante en physique à l'Imperial College de Londres. Outre son projet de recherche sur les diode électroluminescentes, elle s'est donnée pour mission d'encourager les filles à opter pour des carrières scientifiques.

    Pour cela, la jeune Britannique s'est attelée à la rédaction de pages Wikipédia dédiées à des femmes chercheuses en sciences. « J'en ai rédigé 270 l'an dernier », a-t-elle expliqué au Guardian. « J'essayais d'en créer une par jour, mais parfois je m'emportais et en rédigeais trois d'un coup. »

    Seulement 25 % de femmes dans les sciences

    De nos jours, Wikipédia est en effet une forme de reconnaissance et d'exposition, dont manquent parfois les femmes chercheuses. Faire connaître leurs recherches pourrait selon Jess Wade motiver des jeunes filles à s'engager à leur tour dans le domaine scientifique. « Plus on lit sur ces femmes sensationnelles, plus on est motivée et inspirée par leurs histoires personnelles », assure-t-elle.

    Le terrain reste certainement à conquérir. En France comme dans la plupart des pays occidentaux, seul un chercheur sur quatre est une femme - et ce sont les sciences humaines qui attirent largement le plus de femmes, laissant les sciences « exactes » comme un terrain qui peut sembler réservé aux hommes.

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    « Au lycée, si on m'avait dit que je ne retrouverais que 9 % de femmes dans mon secteur, j'aurais sans doute laissé tomber moi-même », admet Jess Wade. Elle-même a grandi dans une famille de scientifiques, et reconnaît que cela doit être plus difficile encore quand on n'a pas de soutien dans ce milieu.

    Des efforts publics maladroits et inefficaces

    La physicienne se souvient avec amertume de cette campagne maladroite de l'Union européenne en 2012 pour rendre la science « sexy » aux yeux des femmes. Trois mannequins riaient sur un podium en décodant la composition chimique du rouge à lèvres et du vernis à ongles : « Cela me rend furieuse qu'on ait imaginé un instant que cela allait changer quoi que ce soit ! » fulmine-t-elle.

    Ces initiatives publiques pour augmenter la part de femmes coûtent six millions d'euros par an pour le seul Royaume-Uni, regrette-t-elle, sans pour autant s'attacher à mesurer concrètement les résultats obtenus par les femmes chercheuses. Leur attribuer une page Wikipédia serait donc un moyen efficace de les faire connaître, et de leur donner plus de puissance.

    Qu'espère-t-elle au final ? « Permettre un environnement de travail plus ouvert à tous ceux qui le composent, ce qui arrivera quand on reconnaîtra la contribution de ces femmes incroyables », dit-elle au Guardian. « Et les filles qui viendront nous rejoindre -car elles viendront !- se sentiront plus valorisées. »

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