Les stéréotypes de genre ont la vie dure. Dans le secteur du numérique, 33 % des emplois sont occupés par des femmes, et 16 % seulement quand il s’agit de métiers techniques comme celui de développeur, selon les chiffres de Syntec Numérique, un syndicat de l’écosystème numérique français.
Alors qu’elle est un secteur d’avenir qui accompagne nos changements de mode de vie, voire les devance en orientant notre vision du monde, la tech accuse un retard abyssal dans le domaine de la parité hommes-femmes. Le sujet est devenu brûlant, avec le lancement en juin par six associations de l’initiative Femmes@numérique sous le haut patronage du secrétariat d’Etat chargé du numérique. Lors du Women’s Forum for the Economy and Society, du 14 au 16 novembre à Paris,un groupe de travail, créé au siège de Google le 11 octobre, animera un atelier pour trouver des solutions concrètes.
Des raisons économiques et culturelles
Les raisons de prendre le taureau par les cornes sont avant tout économiques. La pénurie de compétences ne permet pas de laisser la moitié des forces disponibles sur le bas-côté. Selon France Stratégie et la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), en 2022, jusqu’à 212 000 postes seront à pourvoir dans le numérique en France.
D’un point de vue culturel, aussi, la pénurie de femmes entrepreneuses et développeuses pose problème. Car les algorithmes reproduisent les biais de ceux qui les programment. Quand Apple a lancé son application « Santé » en 2014, la notion de cycle menstruel en était ainsi absente, là où des applications multitéléchargées comme Clue, développées par des femmes, proposaient déjà de suivre les menstruations.
Pour se débarrasser de ces biais, Tatiana Jama, la cofondatrice du chatbot (boîte de dialogue) Selectionnist, a décidé de bousculer le secteur. Par exemple, quand il est utilisé pour l’achat en ligne de jouets, le chatbot aide à sélectionner un cadeau grâce à un algorithme qui ne prend pas en compte le genre de l’enfant mais ce dont il ou elle a envie : jeux de créativité, d’apprentissage, etc. « Ainsi, explique-t-elle, les assistants du chatbot ont cessé d’être sexistes. Et nous en avons même fait un argument marketing. Malheureusement, que petits garçons et petites filles soient orientés vers des jouets qui leur conviennent plutôt que vers des produits pensés par la grande distribution ne préoccupe pas tout le monde. »
En cause: l’image du « geek », très masculine
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