Stress, dépression : 26% des Françaises ressentent une détresse au travail

Publié le Lundi 26 Novembre 2018
Léa Drouelle
Par Léa Drouelle Journaliste
Souffrance au travail : les femmes sont les premières concernées
Souffrance au travail : les femmes sont les premières concernées
Une étude de la Fondation Pierre Deniker dévoilée ce lundi 26 novembre révèle que près d'un quart des Français·es ressentent un sentiment de détresse sur leur lieu de travail. Les femmes sont les plus touchées.
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Une étude dirigée par la Fondation Pierre Deniker dévoilée ce lundi 26 novembre révèle que 22% des Français·es présentent une détresse orientant vers un trouble mental quand ils/elles se trouvent sur leur lieu de travail.

Dans cette enquête inédite sur la santé mentale au travail qui a été menée sur 3200 salarié·es français·es, plus d'un·e actif·ive sur cinq se déclare sujet·tte à des troubles mentaux.

Stress, anxiété, dépression, idées suicidaires... Ces troubles mentaux, qui dans la plupart des cas s'apparentent à une baisse de la productivité et à une véritable souffrance au travail, touchent davantage les femmes (26%) que les hommes (19%) et sont liés à de nombreux facteurs.

"Ne pas être récompensé·e à la hauteur des efforts fournis, vivre une mauvaise ambiance au travail ou une situation émotionnelle éprouvante...", cite le Pr Raphael Gaillard, psychiatre à l'hôpital Sainte-Anne (Paris) et membre du comité scientifique qui a dirigé l'étude.

Harcèlement et violences physiques

Au manque de reconnaissance et de soutien par sa hiérarchie et/ou de ses collègues, s'ajoute la difficulté de concilier vie professionnelle et vie personnelle. Ce chiffre concerne 15  % des Français·es actif·ives, dont près de la moitié (45 %) présente des risques de troubles mentaux.

Le harcèlement au travail représente également un facteur de stress important, notamment chez les femmes. "Le risque qui pèse le plus lourd, ce n'est pas ne pas arriver à mener de front une vie professionnelle et une vie familiale, c'est plutôt être exposé à quelqu'un qui prend plaisir à faire souffrir lors du travail, donc ça renvoie à une problématique de harcèlement sur le lieu du travail", explique la psychiatre Astrid Chevance, qui a aidé à l'analyse des données de l'étude.

Une enquête réalisée en mai 2018 par l'Observatoire National de la délinquance et de la répression pénale a révélé que les violences physiques et les menaces contre les femmes sur le lieu de travail n'ont cessé augmenter sur la période 2010-2016.

Un "enjeu majeur de santé publique"

Les médecins de la Fondation Pierre Niker soulignent l'urgence d'accélérer la recherche sur un "enjeu majeur de santé publique". "Dans le cadre du travail, les troubles mentaux sont responsables de productivité limitée, d'arrêts de travail souvent longs et multiples, ainsi que de situations d'invalidité et de départs à la retraite anticipée", rappellent les auteurs et les autrices de l'enquête.

"Cette étude doit servir à construire une réelle politique de prévention, scientifiquement étayée à l'image de ce que font les Anglo-saxons : nous observons la corrélation entre certains risques psychosociaux et les troubles, nous devons maintenant investiguer la causalité. (...) J'en appelle donc aux pouvoirs publics, aux branches professionnelles, aux entreprises : mobilisons-nous !", déclare le Pr Pr Raphael Gaillard dans un plaidoyer.