Que ressentez-vous à l’idée d’être la première gagnante d'un Ballon d’or féminin ?
Ça marque l’Histoire des femmes, je suis très fière d’entrer dans l’Histoire. C’était important de créer ce prix, c’est un grand pas vers l’avant pour le football féminin, et pour les femmes surtout. On est en 2018. Bravo à “France Football” d’avoir pris cette décision. Cela fait preuve de respect pour nous, et c’est un grand moment que de réunir de tous les meilleurs footballeurs et footballeuses ensemble.

Vous étiez plusieurs joueuses de l’OL à être pré-sélectionnées, cela a créé une émulsion ?
On est de grandes compétitrices, mais à Lyon, on a toujours été un groupe homogène, chacune a des qualités dans l’équipe. On travaille toutes ensemble pour un titre, c’est le principal. Les titres individuels, c’est juste du bonus. Ce Ballon d’or, c’est une victoire collective, une victoire lyonnaise. Tout ce que l’on vit ensemble est fantastique, que ce soit le championnat, la coupe de France ou la Ligue des Champions.

Pourquoi y a-t-il un intérêt moindre des médias et du public pour le football féminin ?
En Norvège, on en parle encore moins qu’en France. Je me demande souvent comment on pourrait changer  l'image du football féminin. Lyon, c’est le meilleur club, beaucoup de gens nous suivent, notre président nous soutient, mais nous, les joueuses, on a la responsabilité de toujours plus monter le niveau de jeu pour que le public s’en rende compte et qu’il s’y intéresse. Mais si on reçoit de l’aide de “là-haut”, pour faire du buzz, pour créer de l’intérêt, de l’aide financière, alors on ira encore plus loin.

Les femmes gagnent-elles leur vie dans le football féminin ?
A Lyon, on est un club 100% professionnel, comme au PSG ou à Montpellier, mais beaucoup de clubs ne sont pas pro, il y a des semi-pro. Il y a encore du travail à faire, c’est une question d’envie pour les clubs masculins. Veulent-ils intégrer des clubs féminins et faire monter le niveau, tout comme les sponsors ? L’Olympique Lyonnais a très bien réussi, mais d’autres clubs peuvent progresser.

Qui sont les femmes qui vous ont inspirée au long de votre carrière ?
Ma mère, parce qu’elle m’a toujours dit de croire en moi, d’avoir le courage de prendre la parole, de tenter ma chance, c’est mon idole. Mais je suis aussi inspirée par les femmes qui suivent leurs rêves et qui réussissent, que ce soit une footballeuse ou une businesswoman, c’est important que les femmes montrent leur talent.

Comment avez-vous commencé dans le football ?
Mes parents jouaient, mon frère joue, et ma soeur aussi, elle évolue au Paris Saint Germain, donc je n’avais pas le choix. Toute petite, je faisais du foot avec mon frère et ma soeur, ça a été la chose la plus importante dans ma vie. Petite, je jouais dans la cour de récréation avec les garçons, c’était mes potes, pour eux c’était normal, mais certains parents n’aimaient pas ça parce que j’étais meilleure que leurs fils !

Quel message voulez-vous dire à ces petites filles qui rêvent de football justement ?
Je veux justement leur dire quelque chose dans mon discours ce soir : avoir le courage de croire en soi, avoir confiance en soi. Je sais que ce n’est pas évident, mais il ne faut rien lâcher et poursuivre ses rêves.