A Cabourg, deux pétitions réclament la démission du maire accusé de violences conjugales
Condamné en première instance pour violences conjugales, le maire de Cabourg est visé par une campagne s'indignant de son maintien en poste. Il a fait appel.
La vague MeToo atteint aussi Cabourg (Calvados). Tristan Duval, le maire (divers droite), a été condamné, le 21 novembre, à trois mois de prison avec sursis pour violences conjugales. Il a fait appel, s'estimant victime d'une "chasse à l'homme". Mais sur les réseaux sociaux, une pétition réclame sa démission, s'indignant qu'il n'ait pas été déclaré inéligible (l'infraction relevant, selon le tribunal, de la sphère privée). "Le président Macron a déclaré les violences contre les femmes grande cause nationale. On ne lâchera pas l'affaire!", prévient l'association Osez le féminisme! qui, depuis vendredi, relaie via ses réseaux une seconde pétition exigeant sa destitution : "Nous avons honte de cette justice patriarcale."
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Au lendemain du jugement de première instance, des voix ont vite réclamé une exemplarité des élus. Comme la journaliste et ancienne membre du CSA Françoise Laborde, s'offusquant dans un tweet : "Battre sa femme n'est pas incompatible avec les fonctions d'élu de la République? Quelle honte!" L'actrice Eva Darlan, signataire d'une des pétitions, a interpellé jeudi Édouard Philippe et Marlène Schiappa lors d'un rendez-vous à Matignon au sujet du budget de la lutte contre les violences faites aux femmes. Et Laurence Rossignol, l'ancienne ministre aux Droits des femmes, déclare : "Cette décision du tribunal témoigne d'un archaïsme de la justice en matière de violences conjugales. Qu'en aurait-il été si le maire avait frappé une administrée? L'argument de la frontière entre sphère privée et sphère publique ne tient pas."
Violente dispute
Quand tout allait bien, Tristan Duval – élu en 2014 – et sa femme, Solène, ne craignaient pas forcément le mélange des genres. Pour preuve, leur mariage, en août 2016, en présence du Premier ministre Manuel Valls, devant les photographes de la presse. Cette image du maire, fin 2017, posant avec leur fille nouveau-née, ceinte de l'écharpe tricolore, pour Paris Normandie. Ou ces clichés glamour, elle lunettes de soleil et sourire éclatant, lui nœud pap' et smoking, foulant le tapis rouge du Festival du film romantique de Cabourg, à l'image des stars invitées dans cette station balnéaire de 3.700 habitants. Un couple – elle dans les médias, lui producteur de spectacles – que certains surnommaient les "Kennedy de Cabourg".
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Mais le vernis craque. Cet été, ils se séparent au moment des vacances. Le 7 août, Solène Duval serait revenue avec l'intention de rompre définitivement. Son mari regarde la télé avec ses enfants issus d'un premier mariage. Une violente dispute éclate. D'après les déclarations de la plaignante à la police, son conjoint tente de filmer la scène avec son portable. Elle lui déchire son pull en tentant de récupérer l'appareil. Ils finissent dans le jardin. Là, Tristan Duval, 80 kilos, aurait plaqué sa femme, 45 kilos, contre le grillage, avant de la jeter au sol en lui donnant des coups. Il aurait arrêté à la suite de l'intervention d'un cycliste.
"C'est une engueulade de couple qui a dégénéré, je ne l'ai pas tapée
"
L'époux conteste les accusations. "C'est moi qui l'ai quittée en juillet car je n'en pouvais plus, affirme-t-il. Ce soir-là, elle m'a fait une énième scène de jalousie. Elle s'est jetée sur moi devant mes enfants, j'ai esquivé, elle a heurté un poteau en béton sur le grillage. C'est une engueulade de couple qui a dégénéré, je ne l'ai pas tapée." Au tribunal, l'élu produit plus de 50 attestations, assurant qu'il n'a jamais été violent. Sa première épouse, mère de ses deux aînés, témoigne au téléphone : "Tristan n'a jamais levé la main sur moi ; ni même donné une fessée aux enfants."
Cela n'a visiblement pas convaincu les juges en première instance. Les expertises médicales montrent que les blessures – hématome profond à la pommette gauche, une côte fracturée et des griffures au front ayant entraîné quatorze jours d'incapacité totale de travail – sont "compatibles avec les faits allégués" par Mme Duval, et non "avec une seule chute". "M. Duval n'a pas cessé de changer de version, allant même jusqu'à prétendre qu'elle s'était infligée certaines blessures elle-même pour lui nuire. Les auditions de ses enfants confirment notamment qu'il a bien poussé ma cliente contre le grillage avant de l'immobiliser au sol", ajoute Stéphane Sebag, avocat de l'épouse.
Plainte pour dénonciation calomnieuse
Le maire de Cabourg, rencontré cette semaine à Paris, se défend. "Dans le contexte actuel, ma voix est inaudible, se plaint-il. Quand on est un homme, aujourd'hui, on est présumé coupable." Le 24 novembre, son épouse participe à la grande manifestation contre les violences sexistes avec la photo de son visage tuméfié. Anonymement : "Elle n'a pas envie d'être étiquetée femme battue, analyse son avocat. Dans notre société, cela reste stigmatisant." Le lendemain, Tristan Duval balance ce tweet : "On ne sert pas une juste cause avec de mauvais exemples. Et les violences faites aux hommes, vous en faites quoi?" Face aux réactions hostiles, il a depuis basculé son compte en mode privé.
Et maintenant? Solène Duval préfère ne pas s'exprimer par crainte des "pressions psychologiques, mensonges et intimidations". L'élu, lui, a porté plainte contre elle pour dénonciation calomnieuse, et déposé une citation directe pour "faits de violence", photo de morsure à l'appui ("défensive", selon la partie adverse). "Solène, c'est les quatre saisons dans la même journée. Elle est capable du meilleur comme du pire", prétend l'homme de 47 ans.
Une première audience devrait se tenir le 6 février… peu avant l'opération "Cabourg, capitale romantique" – et ses 1.000 ballons en forme de cœur – prévue pour la Saint-Valentin. La date du procès en appel, elle, n'est pas encore fixée. Mais le Festival du film romantique doit se dérouler du 12 au 16 juin. "On a bien noté la date, glisse l'association Osez le féminisme! Nous serons au rendez-vous."
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