Ce qu'il faut faire si vous êtes confrontés à un accouchement inopiné

par Charlotte ANGLADE
Publié le 14 décembre 2018 à 17h56, mis à jour le 14 décembre 2018 à 18h54
Ce qu'il faut faire si vous êtes confrontés à un accouchement inopiné

KEEP CALM AND... - La rue, les transports en commun ou le domicile constituent régulièrement le théâtre d'accouchements inopinés, comme on a pu le voir cette cette semaine en Bretagne avec la naissance d'un bébé sur un rond-point bloqué par les Gilets jaunes. Ils touchent environ 0,5 % des femmes. Savoir comment réagir dans cette situation peut éviter bien des complications. La secrétaire générale de l'Ordre des sages-femmes Isabelle Derrendinger nous livre ses conseils.

Les bébés ne préviennent pas toujours avant d'emprunter la porte de sortie. Mardi 11 décembre, Gaëlle Guinot en a fait l'expérience. La jeune femme de  23 ans a accouché au niveau d'un rond-point de Quimper, bloqué par les Gilets jaunes. "Le bébé commençait déjà à sortir. Il était 9 heures du matin, il y avait des ralentissements partout, et nous arrivions au niveau du rond-point de Troyalac’h, rond-point partiellement bloqué par les Gilets jaunes depuis un moment, déjà", a raconté au Parisien son mari, qui l'a aidée tout seul à accoucher sur le siège avant.

Comment réagir, dans ce cas, à ces événements imprévus qui peuvent aussi bien arriver en voiture que dans les transports en commun (comme en novembre dernier dans le métro parisien ou dans le RER en juin) dans la rue ou à la maison ? Quels sont les bons réflexes à adopter pour assurer la sécurité de la mère et de l'enfant ? Nous avons posé ces questions à Isabelle Derrendinger, secrétaire générale de l'Ordre des sages-femmes et directrice de l'école des sages-femmes de Nantes.

Appeler les secours

"Lorsqu'une femme sent qu'elle ne va pas avoir le temps d'arriver à la maternité pour accoucher, la première chose à faire est d'appeler les secours", indique Isabelle Derrendinger. Même si appeler les pompiers (18) est un bon réflexe, le mieux est tout de même d'appeler le Samu (15), qui dispose de temps en temps d'une sage-femme dans ses équipes. "Les services de secours communiquent de toute façon entre eux et ce sont ceux qui auront la plus grande facilité à se déplacer qui viendront", précise la professionnelle.

Rester calme

Dans une telle situation, il est avant tout important de rester calme et de garder en tête que l'accouchement est un acte naturel. "Le grand acteur de l’accouchement, même à l’hôpital, c’est la femme. Ce n'est ni la sage-femme, ni le médecin." Inutile donc, de vous mettre trop la pression, car "il y a une très grande probabilité que ça se passe bien", indique la secrétaire générale de l'Ordre des sages-femmes.

Si la maman crie, nul besoin de vous inquiéter. "Cela fait partie de l’accouchement, ça ne veut pas dire que la douleur est insupportable et qu’elle va mourir, expose Isabelle Derrendinger. C’est qu’elle a besoin de crier pour accompagner le moment de la naissance." Pas de panique non plus en cas de déchirure du périnée, qui pourra être recousu une fois la maman transportée à l'hôpital ou à la maternité. En cas de saignements abondants, vous ne pourrez de toute façon pas intervenir. Il faudra le rapporter aux secours à leur arrivée.

Assurer un environnement confortable

Après avoir appelé les secours, il est primordial d'assurer à la femme qui va accoucher un environnement confortable. Si vous vous trouvez dans un espace public, éloignez, avec l'aide d'autres personnes, les badauds dont la curiosité pourrait gêner le bon déroulement de ce moment intime. Installez ensuite le maximum de couvertures/manteaux au sol ainsi que sur la maman pour la tenir au chaud. Si vous êtes dans un logement, privilégiez le lit ou le canapé, sur lesquels vous pouvez placer une toile cirée, pour protéger la literie ou le revêtement, puis des couvertures. Dans une voiture, la banquette arrière s'impose comme le choix le plus judicieux. "Cela permet à la femme de s’allonger et éventuellement, à la personne qui va l’assister, de se placer à l'extérieur de la voiture."

Respecter les souhaits de la maman

"Pour la position, c’est la femme qui choisit. Elle doit trouver la position la plus confortable. Si elle pense être mieux accroupie, soit", insiste Isabelle Derrendinger. Ce qu'il va simplement falloir faire, c'est l'encourager, lui donner la main si elle le souhaite et surtout, l'inciter à rester calme. "Les contractions durent à peu près une minute. Il y a une phase de répit de l’ordre de trois minutes entre chacune d'entre elles. Il faut utiliser ces trois minutes pour encourager une respiration calme en attendant la survenue d’une nouvelle contraction", insiste la spécialiste. Et d'ajouter : "Si elle a envie de pousser, elle pousse. Il s'agit de quelque chose de naturel, impossible à contrôler." Il ne faut donc surtout pas que la femme s'empêche de pousser pour laisser aux secours le temps d'arriver.

Assurer la sécurité de la maman et de son enfant

Une fois que la tête du bébé se présente, il est déconseillé d'essayer de la retenir en attendant le Samu ou les pompiers. Il s'agit seulement d'éviter la chute du nouveau-né et de le recueillir dans ses bras à sa sortie. 

Si le bébé se présente par le siège, ce qui est rare, ne vous avisez pas de le toucher. "Même quand il y a un accouchement par le siège à la maternité, les professionnels ne touchent pas le bébé", précise la sage-femme. Il s'agit seulement, en attendant l'arrivée des secours, de positionner la femme le plus à plat possible.

Une fois l'accouchement terminé, "l’idéal est de sécher le bébé, puis de le poser sur le ventre de sa maman, peau à peau, pour qu’il ne se refroidisse pas." Car le nouveau-né a deux risques : l'un est de se refroidir, l'autre est d'être en hypoglycémie. "Il est donc nécessaire de lui proposer très rapidement le sein de sa mère, même si elle ne veut pas allaiter par la suite. Cela constitue ce qu’on appelle une tétée d’accueil qui a pour qualité de nourrir rapidement le bébé et de produire une sécrétion d’ocytocine chez la mère, qui va favoriser la contraction de l’utérus et éviter l’hémorragie maternelle."

Pour ce qui est de la respiration du bébé, il n'y a normalement rien à faire. Ses poumons vont se remplir d'air à sa naissance et donner lieu au premier cri. Il est également important de laisser les secours sectionner le cordon ombilical afin que cela soit fait correctement. Sur ce... bonne chance.


Charlotte ANGLADE

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