Lister les perturbateurs endocriniens, mieux informer la population... Le gouvernement a présenté son nouveau projet de lutte contre ces substances susceptibles d'interférer avec le système hormonal, un plan accueilli de façon mitigée par les ONG.

Jouets, tickets de caisse, plastiques, peintures, vêtements, produits phytosanitaires… Ces composés chimiques présents dans de nombreux produits de consommation courante sont encore mal connus. Mais la liste des maux qui leur sont attribués est longue (problèmes de fertilité, croissance, comportement, origine possible de certains cancers…), alimentant l’inquiétude de la population et des ONG. C’est pourquoi le 14 janvier, un nouveau plan gouvernemental a été dévoilé par les ministres de la Transition écologique François de Rugy et de la Santé Agnès Buzyn.
Renforcer la protection des populations
Il y a un an, un rapport commun de plusieurs organismes publics, dont l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), avait estimé que la France n’avait pas mis en œuvre les moyens suffisants pour surveiller et étudier ces substances, malgré la première "Stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens" (SNPE) de 2014. La deuxième SNPE 2019-2022, soumise à consultation publique jusqu’au 8 février, vise notamment à renforcer l’information et la protection des populations.
Dans ce but, l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) devra publier d’ici 2021 une liste de perturbateurs endocriniens, classés en trois catégories, "suspecté", "présumé" et "avéré", comme pour les substances cancérogènes. Une initiative "positive", selon François Veillerette, de l’ONG Générations Futures qui estime que, sur cette question, la France "est à l’avant-garde". D’autant que la définition européenne adoptée difficilement en 2017, et qui ne satisfait pas les ONG, exclut les "suspectés" et ne concerne que les produits phytosanitaires et biocides.
Mieux identifier les alternatives
La future liste officielle rendra "plus facile pour les ONG de pointer du doigt les produits qui contiennent ces perturbateurs endocriniens, et donc d’obliger les pouvoirs publics et les fabricants à agir pour une substitution, ou une interdiction pure et simple", estime ainsi Olivier Andrault, de l’UFC-Que Choisir. Le projet prévoit à ce stade un travail de concertation pour "guider" l’action des industriels vers la substitution des substances controversées, notamment en identifiant des alternatives.
En matière d’information, le plan prévoit également la création, dès cette année, d’un site d’information grand public sur les produits chimiques, dont les perturbateurs endocriniens, une meilleure formation des personnels de santé mais aussi le financement de recherches scientifiques spécifiques sur le sujet.
Ce qui pèche, en revanche, c’est l’absence d’un étiquetage des produits contenant une de ces substances, regrettent les ONG qui y voit un moyen efficace de donner le choix aux consommateurs lors de leurs achats.
La rédaction avec l’AFP

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