La pancarte sexiste de ce restaurant de Rueil-Malmaison crée la polémique

Publié le Lundi 28 Janvier 2019
Marguerite Nebelsztein
Par Marguerite Nebelsztein Journaliste
L'affiche sexiste du bar de Reuil-Malmaison
L'affiche sexiste du bar de Reuil-Malmaison
Un restaurateur de la ville de Rueil-Malmaison ayant pour habitude de laisser des messages sur son ardoise devant son établissement s'est fait épingler sur les réseaux sociaux pour son sexisme et sa participation à la culture du viol.
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Antoine Falcao, restaurateur officiant au Richelieu à Rueil-Malmaison, a l'habitude d'écrire des messages sur son ardoise devant le restaurant. Il poste aussi régulièrement ces messages sur Facebook, notamment sur la page "Groupe Rueil-Malmaison" de manière régulière.


Étant abonnée à cette page, les publications s'affichaient régulièrement dans le flux de l'utilisatrice C. qui a commencé à les partager sur Twitter le 9 janvier : "J'ai commencé à en poster certaines, surtout selon ce sur quoi je tombais dans mon fil d'actu. Ça a commencé avec celle sur les soldes, surtout parce que je trouvais l'humour lourd et un peu déplacé. Puis est arrivé celle sur le GHB qui a mis le feu aux poudres. Le propriétaire a fini par retirer la photo du groupe de Rueil".

En effet, sur son ardoise sur les soldes en date du 9 janvier publiée sur le groupe, on peut lire cette phrase souvent reprise : "Un jour, les femmes domineront le monde. Mais pas aujourd'hui, c'est les soldes ".


Sur une autre photo d'ardoise depuis supprimée, cette phrase : "Mon secret séduction tient en trois mots : Gentilesse, Humour, Bagou. Si ça marche pas ? Je me contente des premières lettres".

Le tout faisant le mot "GHB", soit la drogue du violeur.

Des messages reposant donc sur des stéréotypes sexistes. Quant au passage sur le GHB, elle surfe sur la culture du viol.

Devant la bronca et les réactions scandalisées, le restaurateur a supprimé le post dont on ne retrouve pas trace.

La mairie de Rueil-Malmaison réagit


La photo a été reprises par de nombreux·ses internautes scandalisé·es et notamment Léa, elle aussi habitante de Rueil-Malmaison, dont le tweet a été partagé plus de 6000 fois.

L. a également demandé des comptes au maire LR de la ville, Patrick Ollier. Dans une réponse adressée par mail le dimanche 27 janvier, l'élu indique : "J'ai demandé fortement au patron de cesser ces jeux de mots inacceptables ! Il s'y est engagé. La police municipale vérifiera."

Le restaurateur Antoine Falcao a partagé la photo d'une pancarte vide sur la page Facebook "Groupe de Rueil-Malmaison".

Sous cette photo, il a publié un droit de réponse : "Ces petites pancartes n'avaient pour but que de mettre un peu de bonheur et bonne humeur dans votre quotidien, notre quotidien, vu la morosité ambiante de ces dernières semaines [...] Seulement voilà, on n'a pas tous le même sens de l'humour. Ce que j'apparentais à de l'humour n'a pas été perçu comme tel."

L'ardoise noire
L'ardoise noire

Il indique que suite aux signalements effectués auprès de la mairie, un agent serait venu lui demander "d'éviter les sujets polémiques" sur ses ardoises.

Soucieux de sa réputation professionnelle, le patron du restaurant s'est engagé à arrêter de poster quotidiennement ses messages d'ardoise : "Ne voulant pas porter préjudice à notre réputation professionnelle (durement acquise par nos 15/16 heures quotidiennes) et pour éviter d'être apparenté sexiste, j'en passe et des meilleures, nous avons décidé de faire une pause (provisoire) dans nos publications quotidiennes."

Depuis, le propriétaire aurait menacé L. via des messages privés Twitter d'aller porter plainte. Il indique également avoir été l'objet de menaces personnelles et avoir peur pour son intégrité ainsi que celle de sa famille.

Soutien de l'association des commerçant·es de Rueil-Malmaison

Au coeur de la polémique, Antoine Falcao a tout de même reçu des soutiens, notamment celui du président de l'association des commerçant·es et artisan·nes de Rueil-Malmaison, Edouard Ruiz : "Il me semblait important de soutenir l'un des nôtres qui se retrouve lynché sur Twitter par une lycéenne [NDLR : L. indique ne pas être lycéenne] qui a mal interprété son ardoise d'humour.[...] Ce monsieur reçoit des menaces et insultes en privé depuis cette histoire. il a par conséquent porté plainte aujourd'hui au commissariat de la ville."

Au sujet de la pancarte, Edouard Ruiz explique : "Il est évident que ce n'est absolument pas un appel au viol sous couvert d'humour ! Je dirais même que justement l'humour permet d'aborder des sujets graves comme le viol, que cela permet d'échanger sur les réseaux sociaux et d'ouvrir les yeux de nos jeunes sur la dangerosité des substances versées à leur insu dans les verres lors de soirée ! Que la mairie intervienne, je le comprends tout a fait car il s'agit d'apaiser les esprits, ce que nous souhaitons tous. D'ailleurs, Antoine Falcao a de suite retiré son ardoise dès qu un commentaire sur le groupe Facebook de la ville lui a relevé le fait que ce genre d'humour n'est pas forcément bien perçu."

pour rappel, un rapport du HCE (Haut Conseil à l'Egalité) pointait le 17 janvier dernier le sexisme caché derrière l'humour, où l'on rit au dépend des femmes mais pas avec elles.