"Comment inventer un examen médical infondé et non reconnu par la communauté scientifique ? Appât du gain et publicité des médecins au détriment des femmes ?"... Dans un rapport* publié le 23 janvier 2019, l'Institut de Recherches et d'Actions pour la Santé des Femmes (IRASF) interpelle la communauté médicale sur le SIM 37, un simulateur d'accouchement par IRM.

Il accuse notamment son concepteur, un gynécologue-obstétricien, de "véhiculer des données scientifiques fausses, voire dangereuses et incomplètes pour les femmes, d’instrumentaliser les violences obstétricales et enfin de s’enrichir d’une certaine façon sur le dos des victimes de violences obstétricales et gynécologiques."

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Le SIM 37, comment ça marche ? 

Prescrit aux femmes qui le souhaitent par un gynécologue dès le 8ème mois de grossesse (soit 37 semaines d’aménorrhée) le SIM 37 s'effectue dans un centre de radiologie agrée BabyProgress, la société qui le commercialise. Il permet de reproduire en 3D le fœtus et le canal de naissance afin de simuler numériquement le passage de l’enfant lors de l’accouchement. Le but : programmer le meilleur mode d'accouchement -par césarienne ou voie basse- dans le but de limiter les taux de césariennes d’urgence ou jugées inutiles, et de prévenir d'éventuels traumatismes chez la mère et l'enfant.

Un outil de diagnostic séduisant dans les faits, mais dont la nécessité et l'efficacité ne convainquent pas l'IRASF qui enquête depuis près de deux ans sur le sujet. "Des chercheur.e.s spécialisé.e.s en obstétrique et qui préfèrent garder l’anonymat se sont penché.e.s sur le SIM 37 ont déclaré que : 'cette pratique est complètement infondée, non reconnue, animée par l’appât du gain'", peut-on lire dans leur rapport.

L'institut souhaite notamment pouvoir avoir accès à des preuves d’obtention du consentement libre et éclairé des femmes pour participer à une recherche expérimentale, au dépôt du projet d’étude, aux assurances d’expérimentations et protocoles d’expérimentations, à la liste des personnes qui constituent le comité scientifique et éthique, ainsi qu'au laboratoire et à l’équipe de chercheur.e.s qui travaillent avec son concepteur.

Une méthode sans bénéfice ou intérêt prouvés selon le CNGOF

Interpellé par l'IRASF, le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF) s'est exprimé sur le sujet dans un communiqué publié vendredi 25 janvier. L'organisme professionnel "souligne l’absence de preuves scientifiques justifiant de proposer cette méthode aux femmes enceintes." Il précise également que "ce procédé n’a jamais fait l’objet d’une évaluation pertinente et sérieuse" ; qu'il "n’existe aucune étude publiée dans des revues à comité de lecture permettant de vérifier les hypothèses proposées" ; et rappelle que "l’accouchement reste un moment extraordinaire mais extrêmement complexe pour lequel, il n’existe, à ce jour, aucune méthode permettant de prédire les chances d’accoucher par voie basse."

Enfin, tout comme l'IRASF, le CNGOF déplore son prix (900 euros) "à l’heure où les inégalités de santé semblent se creuser et alors que les maternités souffrent de difficultés budgétaires, le coût proposé apparaît excessif au regard d’un bénéfice non démontré."

SIM 37 prête à collaborer avec la communauté médicale

Dans un communiqué** publié le 28 janvier dernier, les équipes de SIM 37 répondent au CNGOF. L'entreprise affirme vouloir collaborer avec l'organisme professionnel "et la communauté médicale afin de co-valider les résultats des recherches rigoureusement menées et d’en faire ainsi bénéficier le grand public." Elles disent comprendre "les questionnement légitimes" et se tiennent à disposition des professionnels de santé, "gynécologues et obstétriciens, associations de défenses des droits, afin d’échanger sur les résultats de [leur] étude", qui fera "officiellement l’objet de publication médicale."

Elles précisent également que "900 patientes ont pu obtenir le résultat du calcul à titre gratuit."

*https://www.irasf.org/2019/01/23/sim37/
**http://monsim37.fr/SIM37-communique-reponse-sim37-28-janvier-2019.pdf