Harcèlement : huit femmes déposent plainte contre un journaliste du Monde

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La direction du quotidien national a mis à pied le journaliste incriminé. © MIGUEL MEDINA / AFP
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avec AFP , modifié à
Un journaliste du "Monde", atteint d'une maladie neurodégénérative, a été mis à pied alors que huit femmes ont porté plainte contre lui, l'accusant de harcèlement sexuel.

Huit femmes, des attachées de presse pour la plupart, ont déposé plainte mercredi contre un journaliste du Monde après avoir reçu des photos de nu en 2016 et 2017, des faits dus selon à sa famille à un traitement médicamenteux. L'avocate des plaignantes Valentine Rebérioux a confirmé à l'AFP qu'elles portaient plainte pour des faits de "harcèlement sexuel" et de "violences psychologiques", confirmant une information de Libération et 20 Minutes. Le journaliste leur aurait envoyé à toutes un lien vers un album de photos de lui, nu.

Sous traitement et hospitalisé. Le journaliste, dont elles ne révèlent pas le nom, a été mis à pied à titre conservatoire, a indiqué la direction du journal. La femme du journaliste a expliqué dans une lettre transmise à l'AFP que ce dernier était atteint d'une maladie neurodégénérative et sous traitement depuis maintenant plusieurs années. "Je comprends leur colère, elle est légitime", a-t-elle affirmé à propos des plaignantes, précisant cependant que c'est "poussé par l'action" de médicaments, "prescrits sans précaution", "qu'il a envoyé ces messages inappropriés à plusieurs femmes". La direction du Monde a confirmé qu'il était "hospitalisé depuis plusieurs semaines" et n'a "pas encore pu être entendu pour répondre à ces allégations de faits graves et répétés".

18 femmes se disent concernées. L'une des plaignantes, Fanny Bouton, consultante en nouvelles technologies, a expliqué à l'AFP avoir reçu un soir de 2017 un lien vers cet album photo mis en ligne par le journaliste. "Oups, j'ai ripé. Désolé. Je suis rouge de confusion", lui écrit ensuite le journaliste par messagerie. "Je me suis dit 'pauvre gars', mais c'est pas grave, ça arrive", explique Fanny Bouton. Quelques mois plus tard, elle se rend compte que plusieurs femmes ont reçu ces mêmes photos. Le 14 février, elle lance un appel à témoignage sur Facebook : 18 femmes se disent concernées depuis 2013, 13 d'entre elles décident de verser des éléments pour une plainte.

"Que la honte change de camp". Le Monde contacte Fanny Bouton dans la foulée, identifie le journaliste et le met à pied. "On ne veut pas un lynchage public, on veut juste que la honte change de camp", souligne-t-elle. "Il est peut-être malade, et des experts médicaux le diront." "Cela ne ressemble en rien à l'homme que je connais", a répondu la femme du journaliste. "En plein scandale de 'La Ligue du Lol', je mesure les interrogations que peut susciter cette affaire. Mais ce cas est à mille lieux d'un harcèlement malveillant", assure-t-elle.