#FreeSaudiWomen : Le discours vs la réalité pour les femmes défenseures

Le 8 mars est depuis 1977 la journée internationale pour les droits des femmes. Chaque année, c’est l’occasion de mettre en lumière l’acharnement – toujours aussi nécessaire – de milliers de personnes à travers le monde qui se battent pour l’égalité hommes / femmes.

Depuis plusieurs années, la FIDH dénonce le désastreux sort réservée aux -très- courageuses femmes saoudiennes qui s’exposent pour obtenir les droits les plus basiques. En luttant contre un système de tutorat qui donne à leurs pères, frères, maris et même fils, plein pouvoir sur leur vie. En se mobilisant pour pouvoir conduire, avoir le droit de parler à la presse étrangère ou encore tenter de créer des associations de protections des droits humains...

Loujain Al-Hathloul, Aziza Al-Youssef ou Nassima Al-Sadah…. Ces femmes, torturées, emprisonnées depuis près de 10 mois au secret et désormais en attente d’un procès aux charges non spécifiées, paient le prix fort pour avoir voulu tenir tête au régime saoudien.

Une image de réformateur progressiste

Le 23 février 2019, l’Arabie saoudite a nommé sa première femme ambassadrice. Il s’agit de la princesse Reema bint Bandar Al-Saud qui va représenter le Royaume auprès des Etats-Unis. Depuis l’arrivée au pouvoir du prince héritier Mohammed bin Salman en janvier 2015, d’autres femmes ont accédé à des postes gouvernementaux importants.
Ces nouvelles annonces rentrent dans le cadre de la nouvelle image réformiste que le Prince Mohammed tente prudemment de construire sur la scène internationale. Les Saoudiennes peuvent désormais conduire, accéder aux services gouvernementaux sans avoir besoin de l’autorisation de leur tuteur masculin ou encore aller aux cinémas et matchs de football.

La réalité

Depuis fin 2017, la répression de toute forme de dissidence, surtout celle des femmes défenseures des droits humains, a empiré. En parfaite incohérence avec les propos progressistes et les dispositions cosmétiques des dirigeants saoudiens, la discrimination permanente contre les femmes et la répression des défenseures des droits des femmes discréditent et démentent le processus de réforme initié par le prince héritier.

Exemples

> Le 24 juin 2018, un décret royal accordant aux femmes le droit de conduire entre en vigueur… mais, Loujain al-Hathloul, Hathoon al-Fassi, Emaan al-Nafjan, Aisha al-Manae, Hessa al-Sheikh, Madeha al-Ajroush, Walaa al-Shubbar ainsi que d’autres femmes défenseures mobilisées pour le droit de conduire ont été arrêtées autour du 15 mai 2018. Elles étaient censées parler publiquement de la fin de l’interdiction de conduire mais le gouvernement les accuse de trahison et de conspiration contre le régime. Certaines d’entre elles sont encore détenues et ont été torturées, sans qu’aucune des charges retenues contre elles ne soit connue. Le Royaume a confirmé le 1er mars qu’elles feront l’objet d’un procès.

> En février 2017, le roi Salman a émis un décret permettant aux femmes d’accéder à des services gouvernementaux sans l’autorisation de leur tuteur masculin… cependant, le système de tutorat masculin est plus enraciné que jamais. On a pu le voir avec les récentes révélations sur l’application mobile Absher qui permet de traquer et d’empêcher les femmes de quitter le pays. Deux figures emblématiques de la lutte contre le système de tutorat masculin sont actuellement en détention : Aziza al-Youssef, arretée le 15 mai 2018, et Samar Badawi, la première femme à refuser l’autorité de son père en tant que wali al-amr – tuteur légal – arrêtée le 30 juin 2018.

> Les femmes ont désormais l’autorisation d’aller à des concerts, stades ou au cinéma…
mais elles risquent de lourdes peines lorsqu’elles protestent pacifiquement contre le régime et ses violations des droits humains sur les réseaux sociaux. Israa al-Ghomgham est ainsi détenue depuis le 8 décembre 2015. Son cas est devenu de notoriété publique lorsque le procureur général saoudien a demandé la peine de mort. Devenant ainsi, la première femme saoudienne risquant d’être exécutée pour son militantisme pacifique. La requête de peine de mort a depuis été levé mais elle risque toujours la prison à vie.

Derrière l’écran de fumée d’une prétendue libéralisation, l’Arabie saoudite demeure un régime autoritaire particulièrement répressif qui bafoue sans cesse les droits des femmes.



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