Municipales : seulement 20 % des maires sont des femmes dans le 93

L’Insee vient de rendre une étude qui comptabilise le nombre de femmes maires en Ile-de-France. Et les résultats ne sont pas fameux.

 Sur les quarante maires de Seine-Saint-Denis, huit sont des femmes.
Sur les quarante maires de Seine-Saint-Denis, huit sont des femmes. LP/Arnaud Dumontier

    L'égalité homme - femme en politique, ce n'est pas pour tout de suite et probablement pas pour demain non plus. Avec huit femmes maires sur 40 en Seine-Saint-Denis, soit à peine 20 %, il y a encore un sacré chemin à parcourir. Et encore, le 93 est le troisième département le mieux doté d'Ile-de-France derrière le Val-de-Marne et l'Essonne. Pourquoi est-il si difficile aux femmes d'accéder à ces postes ? Les mentalités sont-elles en train de changer ? Tentatives d'explication avec quelques-unes de ces édiles.

    Corinne Valls, maire (DVG) de Romainville depuis vingt ans. LP/E.M.
    Corinne Valls, maire (DVG) de Romainville depuis vingt ans. LP/E.M. LP/Arnaud Dumontier

    « Nous sommes obligées d'en faire dix fois plus »

    Ce n'est pas la seule raison mais en tout cas, elle y participe. Corinne Valls, maire (DVG) de Romainvill e, a décidé de ne pas se représenter l'année prochaine car les difficultés qu'elle a dû surmonter en tant que femme, et qu'elle continue à combattre, ont fini par être trop lourdes. « Nous sommes obligées d'en faire dix fois plus que les hommes pour être reconnue à notre poste, regrette-t-elle. C'est épuisant au bout d'un moment ».

    Maire depuis près de vingt ans, un record de longévité, elle regrette que les mentalités n'aient pas changé plus rapidement. « Malgré le mouvement « #MeToo », on n'a pas vu beaucoup de choses bouger, dénonce-t-elle. Regardez les chefs de file des partis politiques en France, la seule femme, c'est Marine Le Pen. J'en ai marre de devoir légitimer ma place en permanence, surtout face à des insultes sur des blogs ou dans des tracts qu'on n'aurait jamais formulés à l'égard d'un homme. »

    Sylvine Thomassin, maire (PS) de Bondy. LP/Ivan Capecchi
    Sylvine Thomassin, maire (PS) de Bondy. LP/Ivan Capecchi LP/Arnaud Dumontier

    « On se met plus de pression »

    D'autres, plus récemment élues, n'ont pas l'intention d'abandonner la lutte. C'est le cas de Sylvine Thomassin. Si la maire (PS) de Bondy a succédé à Gilbert Roger en cours de mandat, en 2011, elle s'est fait élire sur son nom en 2014. « Dans ma ville, mon élection n'a jamais été contestée d'autant que j'étais première adjointe avant mais c'est vrai qu'on se met plus de pression, reconnaît-elle. Il faut tout le temps qu'on soit à la hauteur. »

    L'édile regrette que les mentalités, notamment sur les partages des tâches dans le couple, n'aient pas évolué assez vite. « Les femmes, en politique, on les voit avant 30 ans et après 50 ans, car, entre les deux, elles s'occupent de leurs enfants, analyse-t-elle. Il faut faire évoluer cet état d'esprit. »

    Brigitte Marsigny, maire (LR)  de Noisy-le-Grand.LP/S.T.
    Brigitte Marsigny, maire (LR) de Noisy-le-Grand.LP/S.T. LP/Arnaud Dumontier

    « Tenir compte des contraintes des femmes »

    Alors certes, la loi est intervenue entre-temps pour imposer la parité. Mais il faut aller plus loin, selon Brigitte Marsigny, maire (LR) de Noisy-le-Grand. « Le jour où l'on demandera autant d'expérience à une femme qu'à un homme, le jour où des réunions seront organisées en tenant compte de la vie de famille, bref le jour où l'on tiendra compte des contraintes des femmes, ce jour-là, peut-être qu'elles seront plus nombreuses en politique », espère-t-elle.

    En attendant, la victoire de Valérie Pécresse (LR) à la tête de la région Ile-de-France est, pour la maire de Noisy-le-Grand, un signal fort. « C'est elle qui m'a poussée à m'engager et je suis sûr qu'il y en a beaucoup d'autres » affirme-t-elle.