Bagnolet : un accueil pour repérer les jeunes femmes victimes de violences

Une nouvelle structure « expérimentale et innovante » pour les 15-25 ans ouvrira en juin. La convention de partenariat vient d’être signée entre l’Etat, la Seine-Saint-Denis, les villes de Paris et Bagnolet ainsi que l’association « FIT Une femme, un toit ».

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Illustration. LP/Jila Varoquier

    C'est dans un petit immeuble en briques proche du métro Gallieni, à Bagnolet, qu'ouvrira en juin un accueil uniquement réservé aux adolescentes et jeunes femmes afin de repérer parmi elles, les victimes de violences.

    La convention entre les parties prenantes vient d'être signée en fin de semaine dernière, lors des 17es rencontres de l'Observatoire départementale des violences envers les femmes, à Bobigny.

    Havre de paix

    Facile d'accès en transports en commun, ce havre de paix accompagnera en priorité les jeunes filles de Seine-Saint-Denis et des arrondissements du nord-est de Paris.

    La structure, qui devait au départ entrer en service à la fin mars, est présentée par tous comme un projet novateur en France. « Novateur parce qu'il s'adresse aux 15-25 ans. C'est une catégorie d'âge davantage touchée par les violences notamment sexuelles et qui ne fait pas appel aux associations pour trouver de l'aide », explique Ernestine Ronai, présidente de l'observatoire départemental des violences envers les femmes du 93.

    Accueil en journée

    Moins de 10 % des très jeunes victimes sollicitent les services spécialisés, selon le centre Hubertine-Auclert pour l'égalité hommes femmes en Ile-de-France. Et d'après l'association « FIT Une femme, un toit », qui gérera le dispositif, plus de 70 % des jeunes femmes isolées de 18/25 ans qu'elle héberge en foyer ont été victimes de violences sexuelles.

    La mise en place de ce lieu d'accueil en journée est portée par l'Etat, le département de Seine-Saint-Denis, les villes de Paris et Bagnolet ainsi que « FIT, une femme un toit ». Le projet a un statut « expérimental et innovant », selon les partenaires du fait qu'il n'en existe pas ailleurs de similaire.

    Informer, accompagner et orienter

    Informer, accompagner et orienter forment les trois axes d'intervention de ce futur accueil, où se tiendra également une permanence du planning familial. « C'est souvent à travers une consultation au planning que les professionnels de santé détectent les cas de jeunes femmes en danger », confirme Ernestine Ronai.

    Prostitution, cyberharcèlement, fugues… Les équipes du projet de Bagnolet seront amenées à travailler autour de situations de violences qui ne manquent malheureusement pas en Seine-Saint-Denis. Des associations comme « Voix des femmes » et « En avant toute(s) » assureront également une présence régulière dans les locaux.

    L'expérimentation a été conclue pour trois ans. En fonction des résultats, le lieu pourrait être pérennisé et ensuite constituer un modèle pour le développement de structures identiques sur l'ensemble du territoire national, notamment en Ile-de-France.

    UNE DEUXIÈME VIE POUR LES LOGEMENTS DU DÉPARTEMENT

    Des logements qui étaient destinés aux directrices de crèches de Seine-Saint-Denis, mais désormais vacants, vont connaître une deuxième vie en hébergeant des femmes vulnérables.

    Appartenant au Département, ils seront une passerelle pour une durée d'un an renouvelable, entre l'hébergement d'urgence en foyer et une solution durable dans un appartement trouvé avec l'aide du bailleur Seine-Saint-Denis Habitat.

    Mise à disposition en juin

    Les premiers logements devraient être mis à disposition en juin, auprès des femmes résidant dans les centres d'hébergement des associations « Amicale du Nid » et « SOS Femmes 93 », et prêtes au relogement. Ces personnes continueront d'avoir un accompagnement social.

    Depuis 2010, 239 victimes de violences ont été relogées durablement et 422 enfants protégés. Le dispositif qui est baptisé « Un toit pour elles » est soutenu par Seine-Saint-Denis Habitat et 24 villes du 93. En 2018, il y a eu 18 relogements.

    Au début de la chaîne, il y a l'hébergement d'urgence. SOS Femmes 93 a accueilli 120 femmes et 226 enfants en 2017, dont 90 % avaient subi des violences physiques et 92 % des violences psychologiques. L'Amicale du Nid 93 a hébergé 117 femmes et 89 enfants.