Mathématicienne et lauréate, ça fait trois… Récompensée mercredi 20 mars, l’Américaine Karen Uhlenbeck, spécialiste des équations aux dérivées partielles, est la première femme à recevoir l’une des récompenses les plus prestigieuses de sa discipline, le prix Abel. Remis par un jury de l’Académie norvégienne des sciences et des lettres, ce prix existe depuis 2003.
L’autre prix prestigieux dans cette discipline est la médaille Fields (il n’existe pas de prix Nobel de mathématiques) : elle est décernée tous les quatre ans depuis 1936. Sur l’ensemble des 80 lauréats de ces deux récompenses, les femmes sont… deux. L’Iranienne Maryam Mirzakhani (1977-2017) avait été mise à l’honneur lors du congrès de l’Union mathématique internationale de 2014.
L’une des explications de cette si faible représentation tient au faible nombre de mathématiciennes actuellement dans les laboratoires (seulement 15 % en France et 25 % aux Etats-Unis), mais aussi plus en amont à des parcours scolaires moins orientés vers les sciences : en classes préparatoires aux grandes écoles scientifiques, elles constituent moins de 30 % des effectifs et elles sont 14 % à Polytechnique.
« L’influence des stéréotypes sociaux de sexe et le manque de modèles auxquels s’identifier sont deux des principales explications de ces choix si différents », avance l’association Femmes et mathématiques.
Le directeur de l’Institut d’études avancées (IAS) de Princeton (New Jersey), Robbert Dijkgraaf, qui emploie Karen Uhlenbeck, a souligné le « rôle majeur » qu’elle a joué « dans les progrès des maths » et le fait qu’elle ait pu « inspirer les générations suivantes de femmes à devenir des figures du domaine ». La chercheuse a d’ailleurs cofondé l’Institut des femmes et des mathématiques, pour aider ses collègues à s’engager dans la recherche académique.
Voir les contributions
Réutiliser ce contenu