Femmes agressées et laissées nues en forêt, près de Rouen : trois dealers condamnés

Trois hommes accusés de trafic de drogue ont été condamnés, mardi 26 mars 2019, par le tribunal de Rouen. Il leur était également reproché l'agression de deux femmes en forêt.

Trois hommes étaient jugés, mardi 26 mars 2019, au tribunal de Rouen (Seine-Maritime) pour un trafic de stupéfiants qui a conduit à l'agression de deux femmes en forêt de Canteleu, en mai 2018.
Trois hommes étaient jugés, mardi 26 mars 2019, au tribunal de Rouen (Seine-Maritime) pour un trafic de stupéfiants qui a conduit à l’agression de deux femmes en forêt de Canteleu, en mai 2018. (©SL/76actu/Archives)
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Trois hommes comparaissaient au tribunal correctionnel de Rouen (Seine-Maritime), mardi 26 mars 2019, pour une affaire de trafic de stupéfiants. Il leur était également reproché l’agression de deux femmes en forêt, à Canteleu en mai 2018.

Cette affaire commence en juin 2017, lorsque la police trouve, dans les parties communes d’un immeuble de la Cité rose de Canteleu des armes de poing, couteau, sachet de conditionnement, ainsi que des stupéfiants : 29 grammes d’héroïne et 3 grammes de cannabis. Une enquête est alors ouverte.

Un trafic important

Fin juin 2017, à Canteleu toujours, Mehdi* fait l’objet d’un contrôle d’identité. Les policiers remarquent qu’il détient dans sa sacoche une balance de précision recouverte « d’un produit marron semblable à de l’héroïne », précise la présidente du tribunal. Les policiers notent également que son téléphone ne fait que sonner. Faute d’éléments probants, il est laissé libre. Puis en juillet 2017, cette fois, il est retrouvé porteur de trois téléphones portables et de l’héroïne et du cannabis sont découverts dans un buisson.

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L’exploitation des téléphones par les policiers aboutit à la découverte d’un trafic de stupéfiants assez important, « une cinquantaine de clients par ligne de téléphone soit environ 200 clients au total », détaille le tribunal.

Des surveillances sont alors mises en place et permettent d’identifier « un groupe de jeunes qui est là toute la journée et va au contact de plusieurs personnes en voitures pour réaliser des transactions », ajoute la présidente. En plus de Mehdi, un autre suspect, Sacha*, est identifié courant mars 2018. Les deux sont interpellés et placés en garde à vue.

Un trafic géré notamment par téléphone

L’enquête se poursuit et remonte à Damien*, qui sera jugé ultérieurement. Lors de son audition, il reconnaît être consommateur et revendeur. 

Les gens viennent spontanément ou commandent par téléphone, il y a toujours quelqu’un de disponible pour vendre de la cocaïne, de l’héroïne et du cannabis.

Il dit avoir acheté auprès d’un certain « Karim » de l’héroïne et du cannabis et identifie Mehdi, Sacha et Charles* comme étant le « Karim » auprès duquel il se fournissait.

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Dans le box, Mehdi et Sacha reconnaissent leur participation au trafic de stupéfiants. Mehdi dit avoir commencé comme guetteur avant d’évoluer dans son « travail ». Il touchait entre 500 à 600 euros la semaine. Plusieurs centaines d’euros et des vêtements de marque ont en effet été retrouvés lors des perquisitions chez les prévenus. Charles, pour sa part conteste toute participation au trafic de stupéfiants assurant :

Depuis que je suis majeur, je n’ai plus rien vendu, car je savais quelle peine je risquais.

Frappées et laissées nues en forêt

Mais il ne s’agit pas pour le tribunal de juger de simples dealers. Il leur est également reproché de graves violences. Le 17 mai 2018, deux femmes sont retrouvées en forêt de Canteleu. Elles ont été frappées à coups de bâton, forcées à se dévêtir avant de voir leurs vêtements brûlés. L’une d’elle s’est fait dérober sa carte bancaire.

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L’enquête révélera qu’elles étaient consommatrices de stupéfiants et avaient été agressées sur fond de dette du petit ami de l’une d’entre elles. « J’ai mis une ou deux claques », reconnaît Sacha qui conteste toute utilisation d’un bâton ou vol de carte bancaire.

J’y suis allé pour la dette et parce qu’elles nous ont mal parlé, mais ce n’était pas une bonne idée de faire ça.

Charles pour sa part, reconnaît sa présence sur les lieux, parlant d’insultes réciproques. « J’ai pris un bâton, elles ont continué à m’insulter, je lui ai alors mis deux baffes. Comme elles continuaient, je leur ai remis une baffe et je leur ai demandé de se déshabiller, mais c’était sur le ton de la rigolade. » En revanche, il conteste également une partie des faits : le vol de la carte bleue, l’incendie des vêtements et d’avoir demandé à Sacha d’aller chercher des préservatifs pour les violer.

« Traumatisée par la scène de violence »

L’une des victimes, sous curatelle renforcée, n’a pu venir à l’audience. « Elle ne sort plus de son domicile depuis les faits. Elle a été traumatisée par la scène de violence et ne s’en est toujours pas remise », explique sa défense, demandant au tribunal de renvoyer l’examen des dommages et intérêts à une audience ultérieure et d’ordonner une expertise psychiatrique de sa cliente.

Le ministère public pointe « un trafic de quartier, très bien organisé avec pas moins de 35 clients identifiés ».  Pour le substitut du procureur, ils ont fait preuves d’une violence extrême et « sauvage » en menaçant de viol, en humiliant les deux femmes, en les laissant nues sur la voie publique « pour une dette dont elles n’étaient même pas redevables ».

Après dix mois de détention provisoire, ils sont dans le déni des faits et n’assume pas leurs responsabilités.

Il requiert pour chacun des prévenus une peine de cinq ans d’emprisonnement dont un avec sursis.

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Des réquisitions « disproportionnées »

La défense de Mehdi met en avant son sentiment de rejet par la société. « Il voulait avoir ce qu’il ne pouvait pas s’offrir pour réintégrer cette société et par ces réquisitions, on ne lui donne aucune chance de rédemption », estime son avocat qui demande au tribunal que son client « puisse réintégrer la société en évitant de faire d’un jeune de 19 ans un exemple ».

Les avocats des deux autres prévenus jugent également les réquisitions disproportionnées. Le conseil de Sacha rappelle que son client reconnaît les faits, qu’il a agi ainsi « pour se faire de l’argent facilement » et pris conscience de la gravité des faits.

La défense de Charles souligne que son client doit être jugé pour cette même affaire par une juridiction pour mineur et craint une sorte de « double peine » et assure que son client a arrêté le trafic de stupéfiants à sa majorité, ce pourquoi il demande la relaxe.

Quant aux violences, il souligne les incohérences et les « mensonges » des victimes sur les circonstances des faits. « Elles ont caché les raisons réelles de leur présence sur Canteleu dès le départ et après on devrait croire sur parole tout ce qu’elles disent, je ne suis pas d’accord. »

Prison ferme

Le tribunal les déclare finalement coupables. Mehdi et Sacha sont condamnés à la peine de quatre ans d’emprisonnement dont deux avec sursis et mise à l’épreuve pendant deux ans. À cette peine, vient s’ajouter pour Cacha, quatre mois de prison, émanant d’une précédente condamnation en 2015.

Charles, quant à lui, est condamné à 30 mois d’emprisonnement dont 15 avec sursis assortis d’une mise à l’épreuve pendant deux ans. Ils sont tous trois maintenus en détention. Il leur est également interdit de détenir ou porter une arme et de paraître à Canteleu pendant une durée de cinq ans**. 

*Les prénoms ont été modifiés.

** Cette peine est susceptible d’appel. Toute personne est présumée innocente tant que toutes les voies de recours n’ont pas été épuisées.

Frédéric Bernard

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