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Cléo, Jane B., Mona... les héroïnes libres et modernes d'Agnès Varda

Sandrine Bonnaire et Agnès Varda
Sandrine Bonnaire et Agnes Varda en janvier 1985 sur le tournage de Sans toit ni loi. Getty Images

Réalisatrice phare de la Nouvelle Vague, Agnès Varda s'est éteinte dans la nuit de jeudi à vendredi 29 mars, à 90 ans. Elle nous laisse des héroïnes aussi fortes et belles qu'elle dont l'allure reflétait l'irrésistible personnalité.

Tandis que Jacques Demy, son grand amour, fait virevolter ses personnages dans des tenues pastel, façon Demoiselles de Rochefort, Agnès Varda, seule réalisatrice de la Nouvelle Vague, montre dans les années 1960 des femmes libres qui se jouent des codes de leur temps. À son image.

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"Cléo de 5 à 7 " : l'anxieuse si chic

En 1962, Agnès Varda tourne l'un des plus beaux portraits de femme du cinéma français. Il s'agit de Cléo (sublime Corinne Marchand), une jeune et élégante chanteuse qui a peur d'être atteinte d'un cancer (la maladie qui emportera la cinéaste). Alors que l'horloge sonne 17 heures, elle s'inquiète de ses résultats médicaux qui doivent arriver dans deux heures. Pendant ce temps qui semble infiniment long, elle lutte contre l'angoisse sans jamais la laisser paraître dans son allure. Forte, malgré le sentiment de vide qui la contraint, elle erre dans Paris dans une impeccable petite robe noire, un gros bijou autour du cou et un carré court que ne renierait pas Audrey Hepburn.

"L'une chante, l'autre pas" : combattantes hippies

Dans L'une chante, l'autre pas (1977), ressorti l'an dernier dans les salles, on suit les aventures mouvementées de deux jeunes femmes très différentes qui habitent à Paris en 1962. Pauline (17 ans), étudiante, veut devenir chanteuse - dans un groupe engagé - tandis que son amie Suzanne (22 ans) a deux enfants à charge et accepte mal le suicide de leur père. Deux parcours de femmes vers l'émancipation qui se traduisent par des postures libérées : cheveux indisciplinés, jeans, tuniques larges et colorées typiques du mouvement hippie qui signent la libération des corps.

"Jane B. par Agnès V." : la muse androgyne

Les héroïnes libres d'Agnès Varda : Jane Birkin
Jane Birkin et sa fille Charlotte Gainsbourg sur le tournage du film Jane B. par Agnès V., d'Agnès Varda, en février 1988. Getty Images

C'est l'un des films les plus expérimentaux de la réalisatrice, sorti en 1988. Agnès Varda y filme Jane Birkin sur plusieurs saisons et sous divers visages. On découvre à la fois la Calamity Jane, la mère de Charlotte ou l'icône adulée par Serge Gainsbourg. On la voit aussi changer de coiffure, se déguiser ou rendre hommage à Marilyn Monroe... Mais entre fiction et réalité, Jane Birkin reste toujours fidèle à son style androgyne : jean, baskets, vestes de costume, chemises d'homme et tee-shirts blancs.

Silvia, Mona, Thérèse... et les autres

Silvia Monfort s'aventure dans le premier long-métrage de Varda, La Pointe Courte (1955). Elle est "Elle" face à "Lui", interprété par Philippe Noiret, ou les errances d'un couple dans le port de Sète. Elle porte ici une robe blanche virginale et chic lui donnant des airs d'héroïne bergmanienne.

Claire Drouot, l'épouse fidèle d'un jeune menuiser, infidèle, interprété par son mari à la ville, Jean-Claude Drouot dans Le Bonheur (1965). La robe à fleurs pop représente ici parfaitement l'image d'une joie fragile.

Sandrine Bonnaire, la Mona farouche de Sans toit ni Loi (1985) qui emportera le Lion d'Or à la Mostra de Venise en 1985, imprime à jamais la pellicule de son allure vagabonde. En jean et blouson noir élimé, la jeune fille sans foyer court les routes du sud de la France. Ses compagnons d'infortune ? Des voyous dans un squat et beaucoup de cigarettes.

Cléo, Jane B., Mona... les héroïnes libres et modernes d'Agnès Varda

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