"Chaque jour, plus de 800 femmes décèdent de causes évitables pendant la grossesse ou l’accouchement." C’est l'un des chiffres éloquent du rapport annuel du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), intitulé Une tâche inachevée : la poursuite de l’acquisition des droits et des choix pour tous, et présenté mercredi 10 avril. 

Les habitantes des régions rurales particulièrement touchées

Les femmes ne sont pas égales en droits sexuels et reproductifs. Dans des contextes socio-économiques fragiles, la grossesse, et les potentielles complications liées à celle-ci, sont mal prises en charge. Des centaines de milliers d'entre elles ne peuvent - géographiquement et économiquement - avoir accès aux soins. Elles vivent en régions rurales et ne peuvent quitter leur domicile ou leur lieu de travail pour un voyage long, coûteux. À la campagne, dans les pays en développement, moins de la moitié des femmes accouchent en présence de personnel qualifié, alors qu'elles sont plus de quatre femmes sur cinq à bénéficier de ce service en ville. 

Autre inégalité : selon les pays, les femmes enceintes sont mieux ou moins bien préparées, puis soignées. Dans les pays avancés, rapporte l'UNFPA, 98 % des accouchements se déroulent avec l’aide de personnel médical. Un taux qui tombe à 36 % dans les pays en développement. 

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Les fillettes mariées de force très exposées

800 millions de femmes en vie aujourd’hui auraient été mariées durant l’enfance. C'est un autre chiffre marquant du dossier, à mettre en lien avec le nombre de décès de femmes enceintes. Car de nombreuses épouses, encore enfants, n'ont "pas assez d'autonomie pour prendre des décisions au sujet de leur santé reproductive, ni assez de liberté de mouvement pour agir de leur propre chef et consulter des prestataires de santé. Elles sont moins susceptibles de recevoir des soins obstétricaux adaptés." Le rapport précise : du fait de leur jeune âge, les filles enceintes ne sont pas prêtes à avoir un enfant, et cela, en plus, qui met en danger leur santé et celle de leur bébé. "Les causes évitables" de décès des femmes enceintes, c'est aussi, ce diktat de la fécondité. L'injonction de prouver sa fertilité dès le couple formé et officialisé encore dans de nombreuses sociétés. 

 Le Fonds a aussi retracé les progrès réalisés. Plus réjouissant, ce ratio de mortalité maternelle, à l'échelle mondiale, a tout de même diminué de près de 44 %, depuis les années 1990.