Nous sommes entrepreneurs ou investisseurs. Nous finançons ou créons des entreprises dans un écosystème numérique très majoritairement masculin, blanc, inégalitaire, qui ne laisse pas leur place à tous les talents. Nous refusons de nous habituer à investir ou à travailler avec des équipes d’entrepreneurs exclusivement masculines. Cela validerait un déséquilibre économiquement et socialement intenable.

Les chiffres sont éloquents. En 2018, les femmes ne recevaient que 2,2% des financements des fonds de capital risque dans le monde. En France plus de 97% des financements alloués par les 10 principaux fonds français l’ont été à des hommes. Comment s’en étonner alors que que les équipes d’investissement comptent moins de 8% de femmes et 2% de minorités non-blanches?

Cette invisibilité des femmes pose un double problème : économique et sociétal.

La mixité entretient une meilleure intelligence collective qui elle-même produit des entreprises plus innovantes, un monde plus juste et de meilleurs rendements financiers. Les startups mixtes ou fondées par des femmes rapportent 2,5 fois plus à leurs investisseurs que celles dirigées uniquement par des hommes. La diversité des équipes au sens large profite économiquement à l’entreprise, y compris aux équipes d’investissement.

D’autre part, financer aujourd’hui les innovations de demain en excluant la moitié de la population contribue à produire un monde potentiellement discriminatoire, comme le démontrent les récentes polémiques sur le sexisme de l’intelligence artificielle.

Ces inégalités persistent malgré nos efforts. Elles reflètent des biais cognitifs inconscients : nous avons tous tendance à vouloir aider et investir dans ceux qui nous ressemblent. Il s’agit d’une programmation par défaut qu’il faut connaître pour combattre.

Ces biais ont été clairement démontrés scientifiquement : à contenu identique, les investisseurs, hommes et femmes, préfèrent les pitchs présentés par des voix masculines et les investisseurs ne posent pas les mêmes questions aux hommes et aux femmes ce qui induit de fortes disparités des montants levés.

On ne peut pas innover et prospérer entre soi. Tous les talents doivent pouvoir s’exprimer. C’est un engagement nécessaire et citoyen.

Nous souhaitons faire partie de la solution et pas du problème. La complexité du sujet exclut toute solution facile. Nous croyons en un changement réel, et donc systémique qui implique un engagement à 360° pour questionner nos pratiques et les améliorer.

Face à nos propres biais, la bonne volonté ne suffit pas : il nous faut mettre en place des process qui les corrigent.

Nous, investisseurs, nous nous engageons à fournir nos meilleurs efforts pour recruter plus de femmes en repensant nos méthodes de recrutement. Nous nous engageons à questionner nos pratiques d’investissement afin de les rendre encore plus égalitaires. Nous nous engageons à communiquer avec nos entrepreneurs sur les bénéfices de la mixité et les accompagner dans cette démarche inclusive. Enfin, nous nous engageons à ouvrir nos dealfows afin d’identifier les points de blocage et mieux y remédier notamment en tagant nos données par genre de la réception du dossier à la sortie.

Il faut compter les femmes pour que les femmes comptent.

La mesure précède l’action.

Nous entrepreneurs, nous nous engageons à choisir autant que possible des équipes d’investissement mixtes et à informer nos investisseurs de ce souhait. Nous nous engageons à fournir nos meilleurs efforts pour recruter des équipes plus diverses et à rémunérer les femmes autant que les hommes en salaire et en equity à poste égal.

En nous engageant publiquement aujourd’hui, nous voulons encourager notre écosystème à prendre conscience de ces inégalités structurelles et à adopter les mesures nécessaires.

Nous avons tous à y gagner. Nous avons tout à y gagner. Nous souhaitons rejoindre #SISTA et oeuvrer pour que l’économie numérique bénéficie enfin d’un groupe diversifié de leaders.

Le succès se travaille. L’égalité se construit. Ensemble.

Liste des signataires (par ordre alphabétique) :

Entrepreneurs

  • Jonathan Azoulay (Talent.io)
  • Gilles Babinet (CNum)
  • David Baranes (Armis)
  • Louis Carle (Maddyness)
  • Louis Chatriot (Co fondateur - Alma)
  • Pascal Chevalier (ReworldMedia)
  • Jeremy Cledat (Welcome to the Jungle)
  • Ahmed Dahbi (Travelbees)
  • Simon Dawlat (Batch)
  • Stephane Distinguin (Faber Novel)
  • Eric Duval (Groupe Duval)
  • Charles de Fréminville (Bloom at Work)
  • Guillaume Gibault (Le Slip Français)
  • Dan Gomplewicz (Armis)
  • Jacques Antoine Granjon (VeePee)
  • Alexandre Grux (Hyperlex)
  • Jean-Noël Houdu (Mobiskill)
  • Christian Jorge (Vestiaire Collective)
  • Thomas Landrin ( JOGL)
  • Alexandre Lebrun (Nabla)
  • érome Lecat ( Scality)
  • Maxime Legardez  (Everoad)
  • Ning Li (Typology / Made.com)
  • Victor Lugger ( Big Mamma)
  • Gautier Machelon (Javelo.io)
  • Frédéric Mazzella (BlaBlaCar)
  • Marc Menasé (Founders Future)
  • Ahmed Mhiri (Travel Car)
  • Xavier Niel (Free)
  • Adrien Nussenbaum (Mirakl)
  • Teddy Pellerin (Heetch)
  • Thierry Petit (Showroom Privé)
  • Etienne Portais (Maddyness)
  • Maxime Renault (Monbanquet)
  • Jean-Charles Samuelian (Alan)
  • Laurent Solly (Facebook)
  • Baptiste Vavdin (Mobiskill)
  • Olivier Vigneaux (BETC digital)
  • Benjamin Zenou (SimpliField)

Investisseurs

  • Maximilien Bacot (Breega)
  • Cyril Bertrand (XANGE)
  • Jean Bourcereau (Ventech)
  • Alain Caffi (Ventech)
  • Nicolas Celier ( RING Capital)
  • Jean-David Chamboredon (ISAI)
  • Marc Fournier (Serena )
  • Benoist Grossmann (Idinvest)
  • Frederic Halley (NextWorld Capital)
  • Pierre Kosciusko-Morizet (Kernel Invest)
  • Jean de La Rochebrochard (Kima)
  • Marc Laurent (Kerala)
  • Xavier Lazarus (ELAIA)
  • Emanuele Levi (360 Capital Partners)
  • Ben Marrel (Breega)
  • Jérôme Masurel (50partners)
  • Yves Matton (Technofounders)
  • Balthazar de Menthon (Angelsquare)
  • Olivier Millet (Eurazeo - France Invest- Medef)
  • Julien David Nitlech (Iris Capital)
  • François Paulus (Breega)
  • Alexandre Rossoz (C4 Ventures)