Cameroun: le combat des femmes pour plus de représentativité dans la vie publique

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Le 23/04/2019 à 07h45, mis à jour le 23/04/2019 à 07h50

Les associations camerounaises de défense des droits des femmes veulent au moins 30% de représentantes maires et dépasser le cap de 31% pour les députés. Les élections législatives et municipales prévues cette année sont l'occasion rêvée pour elles d’être plus présentes en politique. Explications.

Pour plus de représentativité dans l'espace politique camerounais, les femmes ont choisi de prendre le taureau par les cornes. C'est en quelque sorte le sens du plaidoyer organisé il y a quelques jours à Yaoundé, la capitale, par un consortium d'associations de la société civile, soutenues dans leur démarche par des élues, des parlementaires et des maires.

La cartographie politique du Cameroun affiche actuellement, du côté du Parlement, 57 sièges pour les femmes à l'Assemblée nationale sur 180 députés (31% de représentativité) et 26 sièges sur 100 au sénat (26%). Du côté des municipalités, on recense 28 femmes maires sur les 360 communes que compte le pays, soit 7,5% de taux de représentativité. On est bien loin des 30% requis par les textes du Cameroun.

Les élections municipales et législatives pourraient être l'occasion de faire évoluer ce chiffre. C'est du moins ce que souhaitent les Camerounaises, qui ne veulent plus être de simples faire-valoir. Dans leur plaidoyer, elles souhaitent justement atteindre le taux de 30% pour les mairies, et dépasser le cap de 31% pour les députés.

«Avec l’aval du président de la République, qui a décidé d’accélérer le processus d’institutionnalisation de la parité hommes-femmes dans la vie publique, nous avons plus que jamais besoin d’un texte réglementaire, au sens de l’article 298 du Code électoral, qui préciserait les modalités d’application de la notion de "prise en compte du genre", prescrite par la loi électorale, dans les différents scrutins de liste», déclare Justine Diffo Tchunkam, coordonnatrice du mouvement More Women in Politics.

Gouvernance locale

Celle-ci espère ainsi une société démocratique inclusive, plus juste et plus représentative.

«Les échéances électorales qui pointent à l’horizon sont, pour nous les femmes, une opportunité de contribuer à la mise en place de garanties juridiques indispensables, susceptibles d’accélérer la cadence de la représentativité en nombre et en qualité des femmes dans la gouvernance locale. Sur le chemin de la parité prescrite par le chef de l’Etat, un quota transitoire de 30% s’impose», ajoute-t-elle.

Dans le champ politique local, une dizaine de partis politiques sont présidés par des femmes, sur la myriade actuellement enregistrés. Lors de son discours d'investiture le 6 novembre 2018, le président Paul Biya s'était engagé à «promouvoir le rôle des femmes dans [la] société» camerounaise.

Au demeurant, dans un cadre plus large, les autorités locales se félicitent des progrès enregistrés dans la valorisation des rôles des femmes et des jeunes filles.

«Le taux de fréquentation des programmes au niveau préscolaire est de 27% chez les garçons, contre 23% chez les filles. Les filles représentent 84% des effectifs contre 87% de garçons dans l’enseignement primaire. Les filles représentent 94% des jeunes achevant le cycle primaire, contre 93% de garçons. L’indice de parité entre les sexes au niveau primaire est de 0,96%, et de 0,92% au niveau secondaire», indiquait ainsi Marie-Thérèse Abena Ondoa, ministre de la Promotion de la femme et de la famille, à la veille de la célébration de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars dernier.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 23/04/2019 à 07h45, mis à jour le 23/04/2019 à 07h50