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Elles défilent en lingerie au pied de la tour Eiffel pour bousculer les marques

Sous le nom de The All Sizes Catwalk, une quarantaine de femmes aux morphologies différentes se réunissent sur le parvis du Trocadéro, à Paris, pour réclamer des podiums qui leur ressemblent.

Qui a dit qu'il fallait être invité à la semaine de la mode pour assister aux défilés? Pour la deuxième année consécutive, le mannequin Georgia Stein et ses consœurs du collectif The All Sizes Catwalk paradent en petite tenue au beau milieu de la capitale, ce dimanche 28 avril. Leur but? Promouvoir l'acceptation de soi.

Pas question d'y aller avec le dos de la cuillère. Elles comptent bien faire parler d'elles. Cette année, elles ont mis les bouchées doubles. Seulement neuf en 2018, elles sont 42 cette année à défiler sur le parvis du Trocadéro, à Paris, à partir de 11 heures 30.

Des femmes de petite taille, des femmes grosses, des femmes noires. Le casting veut être le plus représentatif possible et donner de la visibilité à celles qu'on ne voit pas sur les podiums. Seule contrainte: "ne pas avoir deux fois le même profil", indique au HuffPost l'instigatrice du mouvement, qui regrette de ne pas avoir reçu les candidatures de personnes handicapées.

De la taille 34 à 52

Elles ont entre 18 et 45 ans. Leur tour de taille va du 34 au 52. Pendant une vingtaine de minutes, elles vont toutes marcher en musique devant les passants. Certaines seront vêtues d'une nuisette, d'autres d'un body. Les plus chanceuses arboreront même une paire d'ailes sur le dos, un clin d'œil à l'accessoire avec lequel défilent les célèbres anges de Victoria's Secret.

Ce n'est pas un détail. Souvent critiquée, l'enseigne de lingerie de luxe refuse encore et toujours de faire défiler des mannequins "grande taille" ou transgenre lors de ses shows. Pour Georgia Stein, il est temps que cela change. L'industrie de la mode doit s'ouvrir à tous les profils.

Au mois d'avril 2018, elles n'étaient que neuf à défiler sur le parvis du Trocadéro.
Emma Rivoal
Au mois d'avril 2018, elles n'étaient que neuf à défiler sur le parvis du Trocadéro.

"Par ce défilé, nous voulons montrer à toutes ces marques que les gens ont besoin de voir une entière variété de physiques, que ça leur fait du bien de se sentir représentés, estime l'hôtesse de l'air de profession. Rien que d'un point de vue pratique, pour que la cliente visualise comment le vêtement tombe sur ses hanches."

L'image des femmes telle qu'elle est diffusée dans la publicité a entravé l'estime de soi de nombreuses personnes, selon elle. Celle-ci veut leur redonner confiance. "Mesdames, vous êtes belles, lance la mannequin. Arrêtez de regarder tous ces corps en photo. Tout est retouché. Ne vous comparez pas à ce qu'on vous montre."

Un mouvement body positive très timide en France

L'assurance que dégage Georgia Stein n'est pas innée. C'est le fruit d'un long travail avec elle-même. Anciennement très mince, cette dernière a connu une prise de poids fulgurante à la suite d'un dérèglement hormonal lié au syndrome des ovaires polykystiques. "Ça n'a pas été facile. On a le visage qui change, on ne rentre plus dans ses vêtements", confie-t-elle.

C'est à la lecture du témoignage d'une mannequin française "curvy" dans la presse qu'elle rebondit et décide de postuler dans la même agence que celle-ci. Elle est reçue et embauchée. C'était il y a trois ans. Depuis, elle enchaîne les contrats et a regagné confiance en elle. Elle veut maintenant en faire profiter les autres.

Georgia Stein (à droite) n'en est pas à son premier happening.
BMO World et John Santino
Georgia Stein (à droite) n'en est pas à son premier happening.

Et ça marche. Inspiré d'un défilé sauvage qui s'est tenu à Times Square en décembre 2017, son projet The All Sizes Catwalk lui vaut de nombreux retours positifs depuis sa création, il y a un peu plus d'un an. "Ça me tient à cœur", concède la trentenaire qui déborde de motivation.

Elle pense qu'il y a beaucoup de choses à faire dans notre pays. "Alors qu'aux États-Unis il existe de nombreuses initiatives en matière de body-posivity, la France, elle, a du retard", regrette Georgia Stein. Comment le rattraper? La jeune femme espère un réveil des marques. Sans ça, "on est un peu désarmé", déplore-t-elle.

Ce texte a été publié originalement dans le HuffPost France.

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