Le «harceleur à la couronne» de retour dans le métro parisien

Depuis plus de quatre ans, ce personnage au comportement suspect inquiète les Parisiennes dans les transports en commun. Malgré une plainte déposée en février et une enquête, il est revenu ces derniers jours dans les couloirs du métro.

 Le harceleur « à la couronne » sévit régulièrement dans les couloirs du métro parisien, ici à Châtelet-Les Halles.
Le harceleur « à la couronne » sévit régulièrement dans les couloirs du métro parisien, ici à Châtelet-Les Halles. Twitter

    « Je l'ai croisé avant-hier, il me fait trop peur ». « Je l'ai croisé alors qu'il collait ses annonces dans le métro, je me suis levée, je les ai arrachées sous ses yeux, j'ai cru qu'il allait me frapper tellement ça l'a énervé ». Depuis deux jours, ce genre de messages fleurissent sur le réseau social Twitter. Ils font référence à un personnage qui hante le réseau du métro parisien depuis plusieurs années et est réapparu ces derniers jours : le « harceleur à la couronne » comme il a été parfois surnommé.

    Selon plusieurs témoignages concordants, cet homme porte fièrement une couronne sur la tête, une pancarte à la main sur laquelle on peut lire « Kiss me, I'm the king » (« Embrassez moi, je suis le roi ») ou « Free hugs » (« câlins gratuits ») et sollicite les jeunes femmes à la sortie d'escalator, de tapis roulants ou autres lieux de passage du métro parisien. Mais ce qui pourrait passer pour un happening joyeux cache en fait un stratagème d'agression sexuelle selon plusieurs femmes, victimes de l'individu.

    « Si je le recroisais, j'aurais envie de lui en coller une »

    « J'ai été victime de cet homme il y a 4 ans, en France », se souvient Anaïs. « Il n'avait pas l'air méchant de loin, je ne me suis pas méfiée et, arrivée à côté de lui, il m'a maintenu fortement et essayé de m'embrasser de force. » En droit, cet acte relève de l'agression sexuelle et peut valoir jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende.

    La méthode n'est pas nouvelle. Zoé*, 25 ans, racontait peu ou prou la même histoire en avril dernier à Libération. « Je l'avais déjà vu plusieurs fois, et il avait l'air gentil. Je me suis approchée pour répondre à sa pancarte et il a essayé de m'embrasser sur la bouche. Sur le moment, je suis partie, mais si je le recroisais, j'aurais envie de lui en coller une », expliquait-elle.

    Son autre technique : coller des affichettes plus que suggestives dans les rames des lignes de métro en circulation. Des messages très explicites - comme : « Jeune homme propose à une Princesse aimant lire des livres (entre 18 et 30 ans) d'aller au restaurant. Par Princesse comprendre fille sympa et dispo de suite et bien habillée » - auxquels il accole son numéro de téléphone. Et malheur à celle qui l'appelle, si l'on en croit les témoignages de harcèlement sur les réseaux sociaux.

    L’un des messages explicites collés dans le métro/Le Parisien
    L’un des messages explicites collés dans le métro/Le Parisien Twitter

    « Les femmes qui prennent le métro sont saturées de ces agressions, je n'ai jamais vu autant de réponses prônant la violence pour aller lui casser une jambe », remarque Anaïs, également engagée dans le collectif « Nous toutes ». « Ce n'est évidemment pas la bonne réponse, enchaîne-t-elle, mais la RATP ne prend pas la mesure du problème. »

    L'individu identifié au début de l'année

    Pourtant en février, une plainte en bonne et due forme a été déposée auprès du procureur de Paris, par une autre jeune femme, prénommée Claire, après plusieurs signalements inaboutis aux agents de la RATP et au numéro d'urgence 3117.

    Contactée par Le Parisien, cette dernière nous explique qu'à l'époque, cela faisait déjà six mois qu'elle décollait systématiquement les messages sur sa ligne pour les signaler au guichet. Où la réponse était systématiquement le même : « ce n'est qu'un bout de papier ». Après une première plainte, refusée en février au commissariat, la jeune femme avait écrit juste après au procureur.

    Ce qu'elle ne savait pas, c'est que l'étau était alors en train de se resserrer autour de l'individu, reconnu par une mère de famille parisienne, car il effectuait des activités avec ses enfants à l'école. Identifié comme Wilhem S., 26 ans, cet animateur vacataire a en effet été démis de ses fonctions en janvier par son employeur, la mairie de Paris, qui a dans la foulée saisie le procureur de la République.

    « J'ai enlevé une trentaine d'affichettes depuis deux jours »

    Ou en sont les enquêtes aujourd'hui ? Le suspect a-t-il été auditionné ? Claire n'en a aucune idée. Elle n'a pas été entendue. En revanche, après avoir un temps disparu des radars, l'homme sévit clairement de nouveau. « J'ai enlevé une trentaine d'affichettes depuis deux jours. Il peut y avoir un meurtre à la fin », s'alarme Claire, qui demande à toute personne le croisant d'écrire au procureur.

    La RATP, contactée par Le Parisien, nous a assuré avoir « transmis les derniers signalements de l'individu sur les réseaux sociaux à son service de sécurité (GPSR) qui n'a pas pu confirmer sa présence dans ses espaces », en précisant que « la RATP est très engagée sur le sujet du harcèlement avec Ile-de-France Mobilités et la SNCF. Des campagnes de notoriété du 3117 sont fréquemment diffusées sur le réseau et nos agents reçoivent une formation spécifique ». Contacté, le parquet de Paris ne nous a pas répondu.

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