Le Texas songe à appliquer la peine de mort pour les femmes qui avortent

Par Louise Flandre
Manifestation pour le droit à l'avortement
Depuis le 4 avril dernier, la Chambre des députés du Texas étudie un projet de loi visant à interdire l'avortement et ce, peu importe le stade de la grossesse. Si le projet de loi vient à passer, les femmes qui avorteront malgré tout seront susceptibles d'être condamnées à la peine capitale.

Les États-Unis vivent une période noire en termes de droits des femmes. Alors que le Missouri souhaite désormais poursuivre les médecins qui pratiqueront des avortements après huit semaines de grossesse, la Géorgie vient d'interdire l'IVG dès le premier battement de cœur du fœtus.

L'Alabama vient de voter la loi la plus restrictive des États-Unis, en interdisant totalement l'avortement et ce, y compris en cas de viol ou d'inceste. C'est une loi similaire qu'étudie actuellement la Chambre des représentants du Texas depuis le 4 avril dernier. 

Donner les mêmes droits au foetus que ceux de l'enfant

La loi HB 896 entend tout d'abord interdire le droit à l'avortement, autorisé actuellement jusqu'à 20 semaines de grossesse au Texas. Mais elle ne s'arrête pas là puisqu'elle prévoit également de donner au foetus les mêmes droits que ceux d'un enfant.

Comme en Géorgie, le Texas réfléchit en effet à donner lui aussi une identité juridique à l'embryon puis au foetus. Un statut qui permettra de condamner les femmes qui avorteront malgré la loi à une peine de prison pouvant aller jusqu'à la peine de mort. Les médecins, infirmières ou tout autre personnel de santé qui les auront aidées pourront eux aussi être incriminés.

Tony Tinderholt, élu républicain à l'origine du projet de loi, tentait de convaincre début avril la Chambre des représentants du Texas en expliquant : "je pense qu'il est important de rappeler qu'un conducteur ivre a une peine de prison deux fois plus lourde quand il tue une femme enceinte (...). Je ne suis pas en train de criminaliser les femmes. Ce que je fais, c'est appliquer la même loi pour tous". 

Vidéo du jour :

L'avortement interdit, y compris en cas de viol 

Comme en Alabama, le projet de loi ne considère ni le viol, ni l'inceste comme une exception. Si le projet de loi vient à passer, une femme qui tombera enceinte suite à un viol sera donc dans l'obligation de poursuivre sa grossesse jusqu'à l'accouchement. Un scénario glaçant qui s'est déjà emparé de l'Alabama le 15 mai dernier, après que sa gouverneure, la républicaine Kay Ivy, ait validé le projet de loi, justifiant que "toute vie est un cadeau sacré de Dieu". 

Selon un décompte de l’Institut Guttmacher, vingt-huit Etats américains ont introduit plus de 300 nouvelles règles afin de limiter l’accès à l’avortement depuis le début de l'année 2019. Derrière ces mesures se cache un objectif clair : celui de pousser la Cour suprême des Etats-Unis à revenir sur l'arrêt Roe vs. Wade, introduit en 1973 et qui reconnaît le droit des femmes à avorter tant que le foetus n'est pas viable. 

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