Environ 8 % des Françaises n'auraient pas les moyens de s'acheter des protections hygiéniques, estime le gouvernement. La ministre Marlène Schiappa, qui a réuni plusieurs parties prenantes à l'occasion de la journée mondiale de l'hygiène menstruelle, réfléchit à une expérimentation de la gratuité de ces produits dans plusieurs lieux publics. 

Elles seraient entre 1,5 et 2 millions à avoir dû mal à s’acheter des protections périodiques. C’est ce qu’affirme Règles élémentaires, une association française qui collecte des produits d’hygiène intime à destination des femmes sans-abri et mal-logées. Une étude britannique avait évalué en 2016 à 23 500 euros la somme que devaient débourser en moyenne les Anglaises, au cours de leur vie, en raison de leurs règles. Selon la secrétaire d’État à la Transition écologique, 8 % des Françaises auraient dû mal à subvenir à leur besoin dans ce domaine. 
À l’occasion de la journée mondiale de l’hygiène menstruelle, Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’Égalité femmes/hommes, a réuni mardi plusieurs ministres, parlementaires, associations et industriels pour mettre en place une stratégie de lutte contre la "précarité menstruelle" et étudier un projet d’expérimentation de la gratuité des protections hygiéniques.
En prison, les femmes fabriquent des protections avec des bouteilles en plastique
La sénatrice Patricia Schillinger (LREM) a été chargée d’étudier "les objectifs et modalités" de la mise en place d’un dispositif de gratuité dans plusieurs "lieux collectifs". La sénatrice avait présenté en décembre dernier, dans le cadre du projet de loi de finances 2019, un amendement pour la distribution gratuite de protections hygiéniques pour les femmes en situation précaire en milieu scolaire, dans les hôpitaux ou prisons. Et de fait, "en prison certaines femmes fabriquent des cups avec des bouteilles en plastique", a souligné Christelle Dubos, secrétaire d’État à la Santé.
Le débat autour de la "précarité menstruelle" avait défrayé la chronique en 2015, au moment des discussions sur le taux de TVA qui était appliqué aux protections hygiéniques. Grâce à la mobilisation de collectifs féministes, il avait été ramené à 5,5 %. "L’évolution des prix montre que cette baisse de TVA a bien profité aux consommatrices", a défendu le gouvernement dans un communiqué, alors que des associations féministes avaient critiqué des prix d’achat inchangés.
Les règles : "un sujet de politiques publiques"
"Oui, les règles des femmes doivent devenir des sujets de politiques publiques : accès gratuit aux protections hygiéniques pour celles en difficulté, transparence de la composition, recyclage, engagement des industriels, innovation. Levons le tabou des règles avec le gouvernement !", a déclaré Marlène Schiappa lors de cette réunion.
En juillet 2018, un rapport de l’Anses avait conclu à la présence de substances chimiques "en très faible concentration" dans les protections intimes féminines – notamment des traces de pesticides dans les serviettes hygiéniques – mais ne présentant pas de risque pour les utilisatrices. L’agence de sécurité sanitaire a toutefois recommandé aux fabricants "d’améliorer la qualité de ces produits afin d’éliminer ou de réduire au maximum la présence des substances chimiques". 
Marina Fabre, @fabre_marina avec AFP

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