RAPPORT - Selon une étude de Santé Publique France, la consommation de tabac serait en baisse significative sur l'année 2018, le nombre de fumeurs diminuant de 12% en deux ans. Pour autant, le nombre de décès dû au tabac atteint 75.000 par an. Un quart sont des femmes.
Cancers, maladies cardiovasculaires et respiratoires: le tabac a fait 75.000 morts en France en 2015, ce qui représente plus d'un décès sur huit, selon les derniers chiffres officiels, publiés mardi avant la journée mondiale sans tabac. "Comme dans la plupart des pays industrialisés, le tabagisme reste la première cause de décès évitables en France", souligne le bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l'agence sanitaire Santé publique France. Le précédent bilan datait de 2016 et portait sur l'année 2013. Il était de 73.000 morts, soit la même proportion par rapport au nombre total de décès cette année-là (environ 13%).
"En 2015, 75.320 décès ont été estimés attribuables au tabagisme sur les 580.000 décès enregistrés en France métropolitaine", selon le BEH. Les hommes sont particulièrement touchés, puisque 19% des hommes décédés en 2015 sont morts à cause du tabac (55.400), contre 7% pour les femmes (19.900).
Une tendance défavorable aux femmes
Pour autant, sur le long terme, la tendance est défavorable aux femmes. Entre 2000 et 2015, le nombre de morts attribuables au tabac chez les hommes a diminué (-11%), alors qu'il a été multiplié par 2,5 chez les femmes (passant de 8.000 à 19.900).
Cette évolution est due à un changement des modes de vie: diminution globale du tabagisme chez les hommes depuis 1970, mais augmentation chez les femmes. (Dans le monde, la France fait partie des pays où la proportion des femmes qui fument quotidiennement reste particulièrement élevée - voir la carte ci dessous réalisée pour LCI par Esri France ). "La prévalence tabagique reste élevée en France par rapport à la plupart des autres pays européens, notamment parmi les femmes, et l’écart est encore plus important avec les États-Unis et l’Australie" note ainsi l'agence nationale de santé publique.
L'augmentation du prix du paquet parmi les facteurs
Pour autant, le nombre de fumeurs quotidiens a tendance à baisser. "En 2018, 32,0% des 18-75 ans fumaient du tabac ne serait-ce qu’occasionnellement (35,3% des hommes et 28,9 des femmes)" indique Santé Publique France dans son étude. La proportion des fumeurs quotidiens a quant à elle "significativement baissé", passant de 26,9% en 2017 à 25,4% en 2018. La baisse du tabagisme quotidien serait d'ailleurs plus prononcé concernant certaines tranches d'âge, notamment chez les hommes de 25-34 ans et chez les femmes de 45-54 ans.
Ces résultats seraient, selon les pouvoirs publics, dus à l'augmentation progressive du prix du paquet, au remboursement des substituts nicotiniques ainsi qu'à l'opération Mois sans tabac en novembre. En 2018, 32% des adultes de 18 à 75 ans étaient des fumeurs, au moins occasionnels. Une proportion stable par rapport à 2017. En moyenne, les fumeurs quotidiens consomment 13 cigarettes ou équivalent (14 pour les hommes, 12 pour les femmes).
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Les chômeurs plus touchés par le tabagisme quotidien
Dans son étude, Santé Publique France fait également état d'inégalités sociales concernant le tabagisme quotidien. Ainsi, 28,2% des personnes sans diplôme ou ayant un niveau de diplôme inférieur ou égal au baccalauréat fument quotidiennement, contre 19,4% des plus diplômés, ayant un niveau de diplôme supérieur au baccalauréat. On constate également que 39,9% des chômeurs fument quotidiennement, contre 19,5% des étudiants et 28% parmi les actifs occupés.
En conclusion, Santé Publique France déplore toutefois que "le tabac reste un produit fortement consommé en France et, en raison de ses conséquences néfastes sur la santé, constitue un enjeu de santé publique de premier ordre pour les années à venir."