Et depuis l’ouverture du compte il y a une vingtaine de jours, le succès est au rendez-vous. "Le Sens du Poil" a franchi la barre des 1000 followers ce 7 juin et les clichés publiés semblent trouver leur public malgré leur caractère disruptif. "On reçoit assez régulièrement des messages qui jeunes femmes qui nous remercient de ce qu’on fait", note la jeune femme.
Mais l’engouement a été instantané puisqu’avant de concrétiser leur projet, les cinq étudiantes ont dû trouver des femmes pour faire face à leur objectif et donner corps au projet. "On avait contacté deux ASBL féministes bruxelloises pour qu’elles diffusent un appel à témoin avec une adresse mail pour nous contacter. On a eu près de 120 réponses", se réjouissent-elles.
S’en sont suivis des contacts et des rencontres mais surtout pas de "casting". "On ne voulait pas choisir car choisir c’est toujours renoncer à plein d’autres femmes magnifiques et on voulait de toute façon être le plus inclusive possible", insiste Margot. Depuis, elles diluent leurs clichés au fil du "feed" Instagram en perpétuelle construction.
Une première en Belgique ?
En parcourant les réseaux sociaux, pas facile de trouver un compte belge similaire à ce projet. Pourtant, il en existe bien sur différentes plates-formes. C’est en tout cas le constat qu’a fait Alice, l’une des fondatrices, avant de se lancer dans l’aventure : "Quand on observait les comptes Instagram qui questionnaient les rapports de genre, on s’est rendu compte qu’il s’agissait majoritairement de comptes français ou québécois."
Mais alors, existe-t-il une forme de frilosité à la belge à s’emparer de tels sujets ? Difficile à dire pour la jeune femme. "Peut-être qu’il est plus difficile de fédérer en Belgique car il y a les différentes langues au Nord et au Sud du pays."
Ce qu’on veut c’est dire 'Faites ce que vous voulez' !
Pourtant, un véritable mouvement est apparu depuis plusieurs années, militant pour une libéralisation de la femme. Ces hommes et femmes militent pour un renversement de la société patriarcale. Mais cette longue histoire est bousculée par de nouveaux outils depuis plusieurs années. "De plus en plus de femmes s’en saisissent pour aller à l’encontre des normes qu’on leur impose", observe Jacinthe Mazzocchetti.
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L’anthropologue compare la mouvance qui a lieu sur la pilosité féminine au combat de lutte pour la légalisation de l’IVG qui a eu lieu dans les années 70. "Pour les poils, cela se passe au niveau des normes esthétiques qui sont aussi des rapports de pouvoir, précise-t-elle. L’idée n’est pas d’imposer une norme mais de reprendre le contrôle, que la femme puisse faire ce qu’elle désire de son corps." Un constat confirmé par Alice : "Ce qu’on veut, ce n’est pas instaurer une nouvelle norme, c’est amener une certaine diversité dans les corps de femmes qui sont montrés et dire ‘faites ce que vous voulez’."