C’était un ami, un petit-ami, un ex-mari, un père, un cousin… sur Twitter, des centaines de témoignages s’accumulent depuis quelques jours sous le hashtag #JeLeConnaissais. Apparu dans la soirée du jeudi 13 juin, il cumule déjà plus de 7.000 tweets. Par ce biais, des victimes racontent leur viol commis par des proches.

L'instigatrice de ce hashtag, qui poste sous le pseudo "n$ija", souhaitait démonter le mythe selon lequel les violeurs sont "des malades mentaux qui traînent dans la rue à 4h du matin", comme elle l'explique aux Inrocks. Ces histoires viennent étayer les constats d'un rapport du Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes, rendu public le 22 février 2018 : 91% des violeurs sont des proches des victimes.

Le viol conjugal représente 47% des cas

Selon ce même rapport, "47% des agresseurs sont souvent des conjoints ou ex-conjoints". Pas étonnant, donc, que les récits de viols conjugaux soient si présents sur ce hashtag. La pression psychologique, un rapport perpétré "par surprise", sur une personne partiellement ou complètement inconsciente, sont autant de procédés répertoriés par les victimes. Car la vieille croyance du "devoir conjugal" a encore la vie dure. Non, ce n'est pas parce que vous êtes en couple ou marié(e) à une personne, que vous lui devez des rapports sexuels. 

Le consentement reste, en couple ou non, la condition sine qua none à n'importe quel acte sexuel. Le viol est d'ailleurs défini par l'article 222-23 du Code pénal comme "tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, commis sur la personne d'autrui par violence, contrainte, menace ou surprise".

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La difficulté de témoigner 

Entre le traumatisme et le poids du regard (et surtout des commentaires) des autres, nombreuses sont les personnes qui font état de la difficulté à témoigner. Concernant ce genre de sujet, la pudeur est souvent de mise, au risque d'invisibiliser les victimes. La crainte de ne pas être cru, ou encore, que les coupables restent impunis, s'ajoute d'ailleurs à la liste des réticences des victimes. Et en effet, selon les chiffres du gouvernement, seules 9% des victimes portent plainte. En prime, 9 plaintes sur 10 n’aboutiraient pas à une condamnation. 

Seules 9% des victimes portent plainte

Ainsi, certains utilisent ce hashtag en soutien aux nombreuses victimes, quand d'autres préfèrent les incriminer et déresponsabiliser les auteurs.

Plus de la moitié des victimes de viols sont mineures 

Si selon ce rapport, 87% des victimes de viol sont des femmes, plus de la moitié des victimes de viol sont des mineures. « En 2017 ce sont en tout 250.000 victimes de viol ou de tentatives de viol : 93.000 femmes, 15.000 hommes et 150.000 mineur·es." Les cas d'incestes sont légions sous ce hashtag.

Pour tenter d'endiguer ce phénomène, le 1er août 2018, le Parlement a adopté à l'unanimité un projet de loi contre les violences sexistes et sexuelles. Un projet porté par Marlène Schiappa, secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations. Emmanuel Macron ayant fait de cette lutte, une des "grandes causes" de son quinquennat. De fait, la loi prévoit un délai de prescription à 30 ans pour les crimes sexuels commis sur mineurs, ainsi que le renforcement de leur protection face aux agressions sexuelles et viols commis par un majeur. 

Par ailleurs, des hommes victimes de viol font aussi entendre leur voix avec le #Jelaconnais. En 2018, ils représentaient 14% des victimes de viols, en France, selon les données enregistrées par la police et la gendarmerie.