Le bracelet électronique bientôt expérimenté pour tenir à distance les ex-conjoints violents ?

Publié le 20 juin 2019 à 1h08, mis à jour le 20 juin 2019 à 7h31
Le bracelet électronique bientôt expérimenté pour tenir à distance les ex-conjoints violents ?

SURVEILLANCE - Députés et sénateurs du Val-d'Oise ont écrit à la garde des Sceaux pour réclamer l'expérimentation d'un bracelet électronique pour tenir les ex-conjoints violents à distance. Dans ce département, quatre femmes ont été tuées depuis le début de l'année.

Et si le bracelet électronique était mis en place pour les ex-conjoints de femmes préalablement violentées ? C'est en tout cas l'idée de nombreux parlementaires, dans le Val d'Oise. "L'urgence de la situation est réelle", soulignent 24 élus de tous bords (10 députés, 4 sénateurs, 10 élus à la Région) dans une lettre datée du 4 juin, en déplorant "quatre femmes décédées de violences conjugales ces dernières semaines".

Depuis près de deux ans, la présidente du tribunal de Pontoise, Gwenola Joly-Coz, et le procureur, Eric Corbaux, demandent à être autorisés à tester ce "dispositif anti-rapprochement", prévu par la loi depuis 2017 mais jamais mis en œuvre. Ils estiment qu'il faut "changer de réponse" face à des meurtres de femmes que la France "n'arrive pas à enrayer".

L'Espagne comme précurseur

Le bracelet électronique, qui permet aux femmes et aux forces de l'ordre d'être prévenues via un boîtier de la présence de l'ex-conjoint dans un périmètre donné, a fait ses preuves dans plusieurs Etats européens dont l'Espagne. En 2018, dans ce pays de 46 millions d'habitants, 47 morts ont été recensées, trente de moins que dix ans plus tôt. Pionnier dans la lutte contre les violences faites aux femmes, Madrid fait figure de modèle grâce à des lois de 2005 et 2009 qui ont institutionnalisé téléphones rouges, tribunaux spécialisés et bracelets électroniques.

En France, les chiffres ne baissent pas. En 2017, 130 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-compagnon. Selon un décompte fait par le collectif "Féminicides par (ex) compagnon", 66 autres ont été assassinées depuis le début de cette année. 

La "répétition d'homicides conjugaux" a poussé la ministre de la Justice Nicole Belloubet à prendre début mai une nouvelle circulaire, adressée à tous les procureurs. Elle y réaffirme "le caractère prioritaire de la lutte contre les violences conjugales" et encourage les magistrats à "poursuivre les efforts" pour "une réponse ferme et réactive". Pour "aller plus loin" dans la protection des victimes, la ministre indique avoir demandé à ses services de travailler à l'expérimentation d'un bracelet électronique pour maintenir à distance les hommes violents.


La rédaction de TF1info

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