La Tanzanie réintroduit la taxe tampon (et les femmes sont en colère)

Un an après l’avoir supprimé, le gouvernement tanzanien a décidé de réintroduire la TVA sur lestampons et serviettes périodiques.

Image d'illustration.
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La décision suscite la colère des Tanzaniennes et la riposte de la principale ONG de défense des droits humains qui dénonce une mesure «lourde de conséquences pour la plupart des femmes et des filles». Un an après l'avoir supprimé, le gouvernement tanzanien a décidé de réintroduire la TVA sur les tampons et serviettes périodiques.

Le pays avait supprimé la taxe sur la valeur ajoutée sur ces produits de protections hygiéniques en juillet 2018, sous la pression de l’opinion publique, mais le gouvernement a annoncé la semaine dernière sa réintroduction, dans sa déclaration budgétaire pour l’exercice 2019/2020. Or ces produits sont déjà trop chers pour la plupart des utilisatrices.

«Le monde entier nous avait applaudis. Et maintenant nous voulons reculer !»

Selon le ministre des Finances Philip Mpango, l'exemption s'est révélée contre-productive, les prix n'ayant pas baissé et ayant même parfois augmenté.«La réintroduction de cette taxe est une malheureuse décision, lourde de conséquences pour la plupart des femmes et des filles», a déclaré dimanche à l'AFP Anna Henga, secrétaire exécutive de l'ONG tanzanienne Legal and Human Rights Centre. «Le gouvernement devrait plutôt chercher à comprendre pourquoi l'exonération n'a pas donné les résultats escomptés et, ensuite, corriger les erreurs dans (son) application».

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Mme Henga a suggéré de «subventionner» ces produits ou de les distribuer gratuitement à certaines femmes. Pour le député de l'opposition Zitto Kabwe, également économiste, le gouvernement est allé trop vite. «Est-ce que douze mois suffisent vraiment pour faire une évaluation ?», a-t-il demandé vendredi lors de la session parlementaire. «Quand nous avions supprimé cette taxe, le monde entier nous avait applaudis. (…) Et maintenant nous voulons reculer !»

Pedi bila kodi

Même des députés du CCM, le parti du président John Magufuli, ont appelé le gouvernement à maintenir l'exonération, voire à assurer une distribution gratuite à certaines catégories sociales. «Le gouvernement distribue gratuitement les préservatifs masculins utilisés par certains pour commettre l'adultère. Pourquoi ne peut-il pas distribuer gratuitement ces serviettes aux élèves ?», a demandé Goodluck Mlinga. Selon lui, «le taux élevé d'échecs scolaires chez les filles des zones rurales est largement imputable à leur absence en période menstruelle».«Nous pouvons trouver les moyens de faire une distribution gratuite, surtout dans les écoles», a abondé Upendo Peneza, députée du Chadema, le principal parti de l'opposition.

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Des organisations locales avaient révélé en mai que certaines femmes utilisaient de la bouse de vache séchée ou de vieux morceaux d'étoffe durant leurs règles, mettant leur santé en danger. Une campagne a été lancée sur Twitter sous le hashtag #PediBilaKodi(«Serviettes sans taxe», en swahili). Dans sa déclaration budgétaire, le gouvernement a annoncé une autre décision défavorable aux femmes : une taxe de 25% sur les perruques et extensions importées, et de 10% sur celles fabriquées en Tanzanie.

Avec Belga

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