Mieux vaut tard que jamais. Alors que fin mai les grandes entreprises étaient restées muettes sur les atteintes au droit à l’avortement dans plusieurs États américains, près de 200 entreprises viennent de défendre publiquement ce droit fondamental dans une tribune au New York Times. Elles fustigent un recul qui menace "la santé, l'indépendance et la stabilité économique" de leur écosystème. 

"N’interdisez pas l’égalité". Voici la tribune publiée dans le New York Times que près de 200 chefs d’entreprises ont signé pour défendre le droit à l’avortement. On y trouve le patron de Twitter, Jack Dorsey, ceux de l’agence financière Bloomberg, du glacier Ben & Jerry’s, celui de Tinder ou encore la styliste Diane von Furstenberg.
"Réduire l’accès aux soins liés à la reproduction, y compris à l’avortement, menace la santé, l’indépendance et la stabilité économique de nos employés et de nos clients", écrivent les patrons de ces entreprises. "Cela va à l’encontre de nos valeurs et c’est mauvais pour nos affaires (…) Cela fragilise notre capacité à réunir une main-d’œuvre diversifiée, à recruter des talents dans tous les Etats et à protéger le bien-être de ceux qui font tourner nos affaires au quotidien", expliquent les signataires.
Un silence assourdissant 
Leur tribune vient rompre le silence assourdissant qui peser du côté des entreprises depuis quelques semaines. Un silence d’autant plus prononcé que les grandes entreprises ont l’habitude de réagir lorsqu’un coup de canif est importé aux droits humains. Ce fut le cas pour le décret anti-immigration porté par Donald Trump à l’été dernier. Les géants de la tech et la Chambre du commerce avaient dénoncé publiquement la politique du Président et lors de la sortie des États-Unis de l’Accord de Paris.
Face à ce mutisme, des appels au boycott d’entreprises des régions concernés ont même été lancés pour faire pression sur les autorités. "L’avortement est un de ces sujets" qui ont "le potentiel de cliver une audience", expliquait à l’AFP Melissa Dodd, professeure en relations publiques à l’université de Central Florida.
Une tribune saluée par les défenseurs du droit à l’avortement
La prise de position a donc été salutaire pour les défenseurs du droit à l’avortement. "Nous sommes reconnaissants et inspirés par le fait que tant de dirigeants se lèvent avec fierté et publiquement pour s’opposer aux attaques dangereuses et sans précédent", en cours dans le pays, a ainsi commenté Leana Wen, présidente de la puissante organisation Planned Parenthood. "Leur déclaration montre que le monde des affaires ne va pas rester sur la touche pendant que les politiciens essaient de nous retirer nos droits", a ajouté Anthony Romero, directeur de l’organisation de défense des libertés civiles ACLU.
Pour rappel, ce sont plus de 300 mesures limitant l’interruption volontaire de grossesse qui ont été prises ces derniers mois dans 28 États américains. Après le Texas, le Missouri ou encore le Kentucky, l’Alabama a promulgué une loi pénalisant l’avortement. Encore plus restrictive que les autres, elle assimile l’IVG à un homicide et prévoit des peines allant jusqu’à 99 ans d’emprisonnement pour les médecins la pratiquant. En Géorgie, l’État a interdit aux femmes d’avorter dès que les battements du cœur sont détectables, soit dès la sixième semaine.
Marina Fabre, @fabre_marina avec AFP

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