Le violentomètre, un outil pour mesurer la violence dans un couple

Repérée sur les réseaux sociaux, cette règle colorée doit aider les jeunes femmes à mieux repérer les comportements violents.

 Une manifestation pour demander des actions immédiates et concrètes pour protéger les femmes victimes de violences conjugales a eu lieu samedi 6 juillet à Paris.
Une manifestation pour demander des actions immédiates et concrètes pour protéger les femmes victimes de violences conjugales a eu lieu samedi 6 juillet à Paris. LP/Aurélie Ladet

    Vert : « profite ». Orange : « dis stop ». Rouge : « protège-toi, demande de l'aide ». Ces couleurs sont celles du violentomètre, une échelle graduée indiquant le niveau de toxicité d'une vingtaine de comportements du conjoint. Publiée en ligne fin 2018, ce thermomètre de la violence dans le couple a été largement relayé sur Internet ces derniers jours.

    /Le Parisien
    /Le Parisien LP/Aurélie Ladet

    Créé en Amérique latine, le violentomètre a été repris par la Mairie de Paris, les Observatoires des violences faites aux femmes de Paris et Seine-Saint-Denis et l'association En Avant Toute(s). Suite à une décision du conseil régional d'Île-de-France de le distribuer dans les lycées à la rentrée 2019, il a été adapté par le Centre Hubertine Auclert.

    Différencier la violence de la normalité

    « C'est un outil d'auto-évaluation qui permet aux jeunes filles d'évaluer la toxicité de leur relation », explique au Parisien Clémence Pajot, directrice du Centre Hubertine Auclert. « On avait besoin d'un outil concret, pour parler simplement, parler du quotidien », approuve Hélène Bidard. L'adjointe à la maire de Paris chargée des questions relatives à l'égalité femmes/hommes est à l'origine de la transposition du violentomètre en France.

    Un outil concret qui vise un public jeune. Les associations d'aide aux femmes victimes de violences sexistes et sexuelles ont remarqué que les 18-25 ans n'utilisaient que peu les dispositifs d'aide. Elles sont pourtant presque 2 fois plus touchées par les violences conjugales que leurs aînées selon l'Enveff - enquête nationale sur les violences faites aux femmes en France, qui date de 2000.

    Sensibiliser dès l'adolescence

    Leur hypothèse : les jeunes femmes ne savent pas identifier les comportements violents. « Certaines ont tendance à les minimiser, à considérer la jalousie et la possessivité comme des preuves d'amour », déplore Clémence Pajot. C'est aussi le constat qu'a fait Hélène Bidard après une campagne de sensibilisation dans les collèges parisiens : « Il a fallu leur expliquer que ton copain qui contrôle ton téléphone, ce n'est pas normal. »

    Éduquer les jeunes est pourtant crucial. « Plus on intervient jeune, moins les violences vont s'installer et perdurer », défend l'adjointe. Au verso du violentomètre, elle a tenu à rappeler la définition du consentement : « Le fait de donner son accord de manière consciente, libre et explicite à un moment donné pour une situation précise. »

    Pour que les jeunes filles puissent facilement s'y identifier, la règle colorée utilise des comportements précis : « il contrôle tes sorties, habits, maquillage », « il fouille tes textos, mails, applis », « il menace de diffuser des photos intimes de toi »… Des situations que les associations ont identifiées à travers les études menées sur le terrain et leur écoute des victimes.

    Encourager la discussion

    Elles ont fait le choix du pronom masculin pour les comportements abusifs. « La majorité des victimes de violences dans le couple sont des femmes », justifie la directrice du Centre Hubertine Auclert. « Pour s'adresser à elle, il faut utiliser les bons pronoms. »

    Mais cela ne doit pas empêcher tout le monde de s'y retrouver. Y compris ceux qui adoptent ces comportements. « Il y a eu beaucoup de débats sur Twitter, entre garçons et filles, sur ce qui représentait de la violence, et c'est une bonne chose », s'enthousiasme Clémence Pajot. Certains hommes s'étonnent de voir leurs actions caractérisées comme violentes.

    Rassurer les victimes

    Autre objectif du violentomètre : donner de l'assurance aux femmes victimes de violences. « On veut leur dire : tu as raison de dire stop. Tu as raison de partir. Tu as raison de demander de l'aide », assène Hélène Bidard. Sans attendre d'être dans la zone rouge. « Dès qu'une jeune fille a un doute, elle peut contacter les associations spécialisées, qui vont l'aider à mettre les mots sur ce qu'elle vit », alerte Clémence Pajot.

    Le violentomètre oriente vers deux dispositifs d'aide : le 3919, le numéro d'écoute national destinée aux femmes victimes de violences (appel anonyme et gratuit) et le tchat de l'association En Avant Toute(s).

    Téléchargeable en ligne, le violentomètre est utilisé par des collèges, lycées, universités, associations et hôpitaux.

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