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Instagram: les internautes se mobilisent pour faire disparaître les photos du meurtre d'une adolescente

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- - Capture d'écran du compte Instagram de Bianca, "@escty"

Le suspect avait publié la nuit du meurtre des clichés du corps ensanglanté de la jeune femme. Malgré les efforts d'Instagram pour les supprimer, de nombreuses images sont encore en ligne.

La capacité de modération des réseaux sociaux est une nouvelle fois mise à l'épreuve, cette fois concernant un fait divers dramatique. Bianca Devins, une adolescente américaine de 17 ans connue sous le pseudo "@escty", a été tuée dimanche 14 juillet. Le principal suspect est Brandon Clark, 21 ans, qu’elle avait rencontré sur Instagram deux mois auparavant, affirment les enquêteurs. Le meurtrier présumé a publié des photos du corps de la jeune femme sur l’application de messagerie conçue pour les gamers, Discord. Des milliers de copies circulent depuis.

Le compte Instagram du suspect ("@yesjuliet") a été désactivé pour violation des conditions d’utilisation. Mais mardi, plusieurs copies du profil avaient été créées. Pour endiguer le phénomène, le réseau social a également désactivé les mots-clés associés aux images du meurtre, a indiqué l’entreprise à Mashable.

"Notre technologie nous permet de repérer les images visuellement similaires à l’originale et de les supprimer automatiquement" a assuré au média américain Stephanie Otway, porte-parole de l'Instagram.

Noyer les images du meurtre

Malgré cela, les photos du corps de la jeune femme pullulent. Et les comptes qui les publient identifient souvent le profil de Bianca, qui est lui toujours en ligne. Pour noyer ces clichés et les rendre difficilement accessibles, une armée de comptes s’est mise à associer le profil de l’adolescente à des photos quelconques avec le mot-clé "#RIPBianca". Ils invitent les internautes à ne pas publier d’images du meurtre et à ne pas les détourner en mèmes (blagues imagées qui se partagent de façon massive sur internet). 

Captures d'écran des publications qui identifient le compte Instagram de Bianca Devins
Captures d'écran des publications qui identifient le compte Instagram de Bianca Devins © Captures d'écran des publications qui identifient le compte Instagram de Bianca Devins

Ce phénomène n’a rien de nouveau. Après certains événements violents dont des images fuitent sur les réseaux sociaux, des comptes republient massivement les contenus supprimés par les plateformes, qui se retrouvent vite submergées. Ce fut le cas après l’attentat de Christchurch en Nouvelle-Zélande, filmé en direct sur Facebook par son auteur. D'une durée de 17 minutes, la vidéo n’a été signalée puis modérée que 12 minutes après. Elle est donc restée en ligne pendant une trentaine de minutes, ainsi que sur YouTube pendant deux heures. Facebook affirmait à l'époque avoir supprimé plus d’1,5 million de copies en 24 heures.

Invité sur le plateau de BFM Business en mai, le directeur scientifique de Facebook Yann Le Cun avait précisé que cet épisode était "un bug" de l'intelligence artificielle qui détecte les violences dans les vidéos en direct. En cause, de trop grandes ressemblances entre les images mises en ligne par le terroriste et les milliers de séquences de jeux vidéo, publiées chaque jour par les membres de Facebook.

https://twitter.com/Pauline_Dum Pauline Dumonteil Journaliste BFM Tech