Yoga à l'hôpital : de vrais bienfaits pour les malades

Source de bien-être, la discipline est aussi une aide précieuse pour tous les malades. A tel point que l’on parle aujourd’hui de yogathérapie.
Julie Pujols-Benoit
Yoga à l'hôpital : de vrais bienfaits pour les malades Getty Images

Oncologue spécialisée dans le cancer du sein, Caroline Cuvier a eu la (très) bonne idée de mettre en place des ateliers de yogathérapie dès 2012 à l’hôpital Saint-Louis, à Paris. « A peine le diagnostic établi, j’invite mes patientes à s’inscrire au cours de yoga hebdomadaire. Il a lieu le mercredi matin dans une jolie salle de l’hôpital. C’est une séance classique de yoga doux, qui dure une heure et peut accueillir vingt femmes. C’est gratuit, accessible à toutes, et ça plaît énormément dès la première séance. Résultat, les patientes sont très assidues, au point que certaines demandent parfois aux plus anciennes de laisser leur place. » Selon le médecin, pratiquer une activité physique dans l’enceinte même d’un lieu où l’on se fait soigner ne peut être que bénéfique. « La yogathérapie à l’hôpital, c’est aussi une solution pour banaliser la pratique du yoga et la rendre plus agréable. Et puis ça permet de rencontrer d’autres patients qui vivent les mêmes difficultés, et donc de générer une entraide. » D’autres établissements se sont également mis au yoga ou vont s’y mettre – le Dr Cuvier forme une dizaine de médecins. Citons l’hôpital de Pontoise (Val-d’Oise) ou la Pitié-Salpêtrière, à Paris, qui proposent la yogathérapie, notamment aux personnes qui souffrent de douleurs chroniques, l’idée étant de réaliser des postures qui deviennent alors… de véritables antalgiques. Autant dire que les bienfaits du yoga sont utiles, en complément des soins traditionnels, pour mieux aborder sa maladie.

Faire la paix avec son corps

Dès l’annonce du diagnostic, puis les premiers soins, nombreux sont les patients qui ressentent ce sentiment douloureux d’un corps qui les a trahis. Alors, pour faire la paix avec lui, rien de mieux que le yoga. « Quand on affronte la douleur au quotidien, les traitements parfois lourds, quand on doit “gérer” son épuisement et son inquiétude, il est essentiel de pouvoir s’accorder un moment où l’on prend soin de soi, où l’on lâche prise », explique la professeure de yoga Jessy Jane (lesaventuresdejessyjane.com), qui travaille avec des malades depuis dix ans et a l’habitude d’intervenir dans les hôpitaux. La pratique offre un travail physique doux, les asana (postures), des exercices de respiration, appelés pranayama, et de méditation ultra-relaxants. « Le yoga permet de rééquilibrer les énergies et nous apprend à respirer en pleine conscience. Les cours débutent toujours par des exercices d’inspiration et d’expiration qui aident à se poser, à faire le vide et à se reconnecter à soi », détaille Jessy Jane. Le petit plus ? (Ré)apprendre à respirer profondément permet aussi aux patients d’améliorer leur sommeil, et donc de mieux récupérer.

Le choix parmi trois mille postures…

Quant aux muscles, aux articulations et aux organes, ils sont « traités » en douceur et au cas par cas par les enseignants. La yogathérapie n’a pas pour objectif de réaliser la posture parfaite. Au contraire, elle propose d’appréhender les mouvements à son rythme et selon ses capacités du moment. « Grâce à la pédagogie du professeur, les femmes savent d’emblée qu’elles doivent s’écouter, c’est-à-dire s’arrêter ou s’accorder une pause dès qu’elles ressentent une douleur », témoigne le Dr Cuvier. Le point fort ? La discipline se compose de plus de 3 000 postures, les asana. Alors on trouve facilement celles qui conviennent le mieux à son anatomie et qui sont compatibles avec les maux du corps. Résultat, on se dépense, on libère les tensions et on se retonifie au fil des cours.

C’est du sur-mesure !

Les postures dépendent du type de problème ou de pathologie. Par exemple, on ne va pas se mettre en planche sur les bras quand on vient de subir une ablation du sein. « Et après des rayons, on opte pour des kriya (mouvements) qui détoxifient l’organisme. On nettoie ainsi les organes comme le foie et l’intestin, souvent très sensibilisés par les médicaments. Quand un élève prend des médicaments qui le rendent nerveux, on privilégie les exercices de respiration basse. Au contraire, la respiration haute sera conseillée pour un effet dynamisant. En somme, la yogathérapie, c’est du sur-mesure et c’est pour cela que ça fonctionne très bien », résume Jessy Jane. La règle ? D’après les enseignants et les médecins, il est essentiel de suivre les cours de façon régulière, même quand on est fatigué. A la clé, moins d’effets secondaires après les traitements et plus d’énergie. Les cours sont personnalisés même lorsqu’ils regroupent plusieurs élèves.

Moins de peur, plus d’optimisme

Certains exercices ne se contentent pas d’apporter des bienfaits sur le moment, ils sont souvent exécutés par les patients en dehors des séances pour se détendre et mieux affronter tout ce qui est lié à la maladie. « J’enseigne à mes élèves que chaque inspiration correspond à une bouffée de pensées positives. Je les incite aussi à effectuer des exercices de respiration régulièrement pour ressentir un sentiment de gratitude, malgré ce qui leur arrive. Et ça marche !» assure Jessy Jane. C’est ce que confirme Jeanne, 38 ans : « Avant chaque rendez-vous pour une chimio, je m’assois dans la salle d’attente et je médite, comme je l’ai appris en cours. Résultat, je m’apaise, j’évacue les pensées négatives et je ne ressens plus la peur. » Et pour cause : les techniques de respiration et de méditation apprises au cours de yoga ont un effet apaisant. Et ce, sur tous les profils, que ce soit au début de la maladie, durant les traitements ou en phase de guérison.

Où s’adresser si on n’est pas hospitalisé ?

Un bon professeur de yoga sait en principe adapter sa pratique en cas de douleurs localisées ou de fatigue. N’hésitez pas à évoquer avec lui votre état ou votre pathologie avant de commencer des cours. L’idéal, quand on est malade, est de suivre des séances assurées par des professeurs ayant reçu une formation spécifique de yogathérapie. Celle que propose l’Institut de yogathérapie s’étale sur deux ans et s’adresse à des enseignants de yoga mais aussi à des médecins, des kinésithérapeutes, des ergothérapeutes… Annuaire des praticiens sur idyt.com.

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le 19/07/2019