Dépêche

Sur Arte, le délicat parcours judiciaire de femmes violées

Paris (AFP) - "Au moment où il vous déshabille, quelle est votre réaction?" Du premier policier qui interroge une victime de viol jusqu'aux assises et son jury populaire, quatre ans plus tard, un documentaire d'Arte retrace le délicat parcours judiciaire des femmes violées.

Chaque année, le nombre estimé de viols et tentatives de viol est de 200.000 en France, selon ce documentaire de Laetitia Ohnona, qui sera diffusé le 30 juillet à 22H30 mais est d'ores et déjà visible sur la plateforme web de la chaîne. Seulement 16.400 plaintes sont déposées et une sur dix aboutira à un procès en cour d'assises.

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Pour réaliser "Elle l'a bien cherché", Laetitia Ohnona a suivi pendant sept ans le parcours judiciaire de quatre victimes: le dépôt de plainte, l'examen médico-légal, la confrontation avec le violeur présumé, les visites chez les médecins et psychiatres, la préparation du procès et enfin l'audience.

Pendant les premières 48 heures, une des victimes suivie par la caméra raconte cinq fois son déroulé des faits. "Entre les médecins, les juges, les avocats, elle devra répéter son histoire des dizaines de fois", commente la réalisatrice.

Tout commence dans un bureau de la brigade des moeurs, où un policier questionne les faits, l'attitude de la victime, ses sentiments envers son agresseur, pendant le dépôt de plainte. "Je suis obligé de vous poser des questions qui déplaisent", prévient l'agent de police qui lui adressera à l'issue de l'entretien quelques mots bienveillants pour lui rappeler qu'elle n'est pas coupable.

Mots qui seront répétés par les médecins de l'institut médico-légal et par les psychiatres à une victime qui se pense responsable car ivre lors de l'agression.

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Lorsque la plainte va jusqu'à la fin de la procédure, au procès en cours d'assises, la plaignante devra encore se confronter au jury populaire, représentant la société.

"Il y a un décalage énorme entre comment la société imagine un viol, avec beaucoup de violence physique, et la réalité, qui est que le viol c'est au cours d'une soirée, c'est une femme qui est allé chez un ami mais l'homme ne s'est pas soucié de son consentement. C'est des tas de situations qu'on a du mal à mettre dans la catégorie du viol", analyse la journaliste dans une interview mise en ligne par Arte.

La moitié des affaires pour viol sont requalifiées en agression sexuelle pour pouvoir être jugées au tribunal correctionnelle, "parce qu'on va considérer que ce n'est pas assez grave, que ces femmes ne sont pas d'assez bonnes victimes pour aller aux assises", souligne Laetita Ohnona, évoquant le fait que les jurés populaires vont "reprocher" à la victime son comportement.

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