Violences faites aux femmes : comment réagir si vous êtes témoin ?

Avoir la bonne réaction face à ce type de violences n’est pas forcément évident. Voici ce qu’il faut savoir.

 Une manifestation pour dénoncer les violences faites aux femmes, le 20 juin dernier à Paris.
Une manifestation pour dénoncer les violences faites aux femmes, le 20 juin dernier à Paris. DR/Teresa Suarez

    La mort de Salomé G., rouée de coups à Cagnes-sur-Mer dans la nuit de vendredi à samedi, vraisemblablement par son conjoint, aurait-elle pu être évitée? C'est la question que se pose le parquet de Grasse, qui a ouvert une enquête pour non-assistance à personne en danger, selon France Bleu. Confiée à l'IGPN, elle vise à vérifier si la réaction des forces de l'ordre, mais aussi celles des éventuels témoins, était appropriée.

    « Tout le monde a les fenêtres ouvertes. Je n'arrive pas à m'expliquer que les gens ne soient pas intervenus! », avait notamment dénoncé une habitante de l'immeuble devant lequel la jeune femme a été tabassée à mort.

    « Ne pas agir seul »

    « Un homme violent, ça peut faire peur et décourager les éventuels témoins à intervenir », reconnaît Emmanuelle Piet, médecin de protection maternelle et infantile (PMI) en Seine-Saint-Denis et présidente du Collectif féministe contre le viol (CFCV). Dans un cas de danger immédiat, l'urgence est de donner l'alerte : à la police ou à la gendarmerie, en priorité, voire aux secours, si l'on constate que la victime est blessée. « Dans le cas où l'agresseur vous fait peur, mieux vaut passer un appel anonyme plutôt qu'aucun appel du tout », insiste le médecin.

    Ensuite, une intervention « peut tout à fait être bénéfique », mais « mieux vaut ne pas agir seul », prévient-elle. « Tous les hommes violents ne sont pas des fous furieux. On peut essayer de raisonner l'agresseur », ajoute-t-elle. « On peut ensuite essayer d'intervenir, mais ce n'est pas évident. Mieux vaut ne pas être seul », prévient encore Emmanuelle Piet.

    Orienter vers les associations

    Autre cas de figure : comment réagir si l'on soupçonne qu'une voisine d'immeuble, que l'on entend parfois crier, ou une collègue, qui vient parfois travailler avec des bleus, subit des violences au sein de son couple ? « C'est très délicat, car souvent, les femmes victimes de violences conjugales ont honte et ont peur, explique Emmanuelle Piet. Il faut lui faire passer le message que vous avez compris ce qu'elle vit, et que le jour où elle aura besoin d'aide, vous serez là ».

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    Ainsi, n'hésitez pas à lui dire que vous serez disponible pour témoigner. « Proposez-lui de prendre une photo de ses blessures, que vous garderez pour elle », conseille le médecin. Pensez à l'orienter vers une association de soutien aux victimes de violences conjugales. Rappelez-lui le numéro d'écoute, d'information et d'orientation Violences Femmes Info (le 39 19) et l'existence de la plateforme des violences sexuelles et sexistes.

    Enfin, si les bruits chez votre voisine sont très impressionnants, allez sonner, « pour que l'agresseur sache que les voisins l'ont entendu ». Là encore, restez prudent. « Si vous avez peur, appelez directement la police ou la gendarmerie pour signaler que vous avez entendu un bruit épouvantable », préconise Emmanuelle Piet.

    Ce que dit la loi