Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Jean-Pascal van Ypersele : « Greta dérange » comme la vérité

Climatologue et ancien vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), Jean-Pascal van Ypersele fait part dans une tribune au « Monde » de son admiration pour Greta Thunberg. Il salue sa connaissance des enjeux climatiques et la force de son discours.

Publié le 01 octobre 2019 à 15h54, modifié le 01 octobre 2019 à 16h27 Temps de Lecture 4 min.

Article réservé aux abonnés

« Greta n’est plus seule, comme au début du mouvement qu’elle a lancé. En Inde, en Ouganda, au Sénégal, en Argentine, aux Etat-Unis, en Pologne, en Russie et dans tant d’autres pays, des jeunes se sont levés » (Greta Thunberg, le 23 septembre, aux Nations unies).

Tribune. Greta Thunberg dérange, et fait l’objet de critiques renouvelées depuis son discours aux Nations unies, à New York. Certains parlementaires français avaient déjà tenté de la décrédibiliser en juillet. D’autres, souvent de vieux messieurs, s’abaissent à critiquer son apparence ou sa prétendue « maladie mentale ».

Greta est surdouée, et elle comprend les enjeux de la crise climatique bien mieux que la plupart des dirigeants politiques ou économiques. J’en suis témoin, moi qui suis physicien et climatologue depuis près de quarante ans, et ai été vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).

J’ai vu Greta pour la première fois à Katowice (Pologne), lors de la COP24, en décembre 2018. Elle était seule à répondre aux questions d’un animateur et du public. Elle n’a pas de fiches, mais répond sans hésiter, parfois en disant simplement : « Je ne sais pas, je n’ai que 15 ans, demandez aux experts. » Elle en sait pourtant déjà beaucoup, et dit avoir appris que « nul n’est trop petit pour faire la différence. » Greta a déjà dû expliquer à des décideurs politiques ce qu’était la courbe de Keeling, ou le cercle vicieux « réchauffement - fonte de la glace - réchauffement amplifié » : ils tombaient des nues. Je suis soufflé par la justesse de ses propos, appuyés sur une sérieuse connaissance des mécanismes à l’œuvre et des causes de la crise climatique…

Quelques jours plus tard, vers 23 heures, Greta est invitée à prendre la parole dans la salle plénière de la COP. Il n’y a plus grand monde à cette heure, mais je suis resté pour l’écouter. « En 2078, j’aurai 75 ans. Le jour de mon anniversaire, mes petits-enfants seront peut-être autour de moi, et ils me demanderont pourquoi vous n’avez rien fait alors qu’il était encore temps d’agir. Vous dites que vous aimez vos enfants plus que tout, alors que vous êtes en train de leur voler leur futur devant leurs yeux », dit Greta. La vidéo fera le tour du monde.

Son cœur parlait

Travaillant sur les changements climatiques depuis longtemps, aux Etats-Unis, à l’Université catholique de Louvain, avec le GIEC, et ayant participé à presque toutes les COP [Conférence des parties], je n’ai jamais entendu un discours aussi fort. Entendre cette jeune fille dire les choses si simplement, si clairement, m’a profondément ému. Son cœur parlait, et elle avait raison.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés Greta Thunberg, l’icône climatique qui déchaîne la vindicte

Greta a lu les rapports du GIEC. Elle a compris les risques immenses que l’accumulation de nos gaz à effet de serre fait courir à l’habitabilité de la planète. Elle jongle avec les probabilités de succès associées aux différents « budgets carbone ». Elle ne confond pas le trou dans la couche d’ozone et la crise climatique… Peu de dirigeants peuvent en dire autant.

Il vous reste 51.92% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.