Pas en public

"La pensée que je serais un obstacle à votre avancement serait pour moi un coup bien acéré."

Marie-Guillemine Benoist à son époux

Bonjour,
Aujourd'hui : "Pas en public"
Où l’on rencontre une peintre qui voudrait bien qu’on la laisse peindre.

Années 1780. Une certaine Marie-Guillemine Leroulx de la Ville n’a qu’un rêve : faire carrière comme peintre. Mais son chemin est semé d’embûches !

Les ennuis commencent en 1785 : l’atelier dans lequel elle étudie ferme pour rénovation. Heureusement, le célèbre peintre David accepte d’être son maître en attendant. Quelle chance !

Vous n'arrivez pas à voir les images ? Contactez-nous sur jean@artips.fr

Marie-Guillemine Benoist, Autoportrait, 1813, Musée du Louvre, Paris
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Cette bonne nouvelle est de courte durée. David reçoit un jour une lettre très officielle : il y aurait des femmes dans son atelier du Louvre ? Mais la décence l’interdit ! Et la loi aussi.

David a beau assurer que les demoiselles sont irréprochables, et que tout est prévu pour qu’elles ne croisent jamais d’hommes, rien à faire. La jeune Marie-Guillemine doit à nouveau plier bagages.

Léon Matthieu Cochereau, Intérieur de l'atelier de David, vers 1813-1814, huile sur toile, 90 x 105 cm, photo : © RMN-Grand Palais / Gérard Blot
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Ces péripéties ne l’empêchent heureusement pas de progresser dans son art et de connaître ses premiers succès. Mais cette fois, c’est l’Histoire qui s’en mêle : les temps troublés de la Révolution arrivent…

Durant plusieurs rudes années, l’artiste persévère. Elle parvient même à soutenir financièrement sa famille à coups de pinceau.

Anonyme, Prise de la Bastille et arrestation du gouverneur M. de Launay, le 14 juillet 1789, huile sur toile, 58 x 73 cm, Musée national du château de Versailles et de Trianon, Versailles
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Enfin, la situation politique s’apaise. Sa carrière se porte désormais à merveille. Les louanges, les récompenses et les commandes prestigieuses affluent. Après toutes ces difficultés, tout va pour le mieux !

Mais là encore, cela ne dure pas. Son mari devient Conseiller d’État en 1814, et celle qui désormais s’appelle Marie-Guillemine Benoist est ravie pour lui.

Marie-Guillemine Benoist, Portrait de Pauline Bonaparte, 1808, huile sur toile, 200 x 142 cm, Musée national du Château de Fontainebleau, Fontainebleau
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Sauf que cela s’accompagne d’une bien déchirante nouvelle : la femme d’un si haut fonctionnaire ne peut faire partie des artistes qui exposent publiquement leurs œuvres. Sa position ne lui permet pas de risquer des critiques !

C’est ainsi que, enfin parvenue au sommet de sa gloire, Madame Benoist doit la mort dans l'âme abandonner sa carrière publique. Non sans avoir laissé quelques chefs-d’œuvre derrière elle…